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C’est à vous, guerriers vainqueurs de tous les rois coalisés contre la liberté de votre patrie, qu’il appartient de briser les fers d’un peuple courageux, qui fait tous les jours de nouveaux sacrifices pour assurer son indépendance.

Les Irlandais vous accueilleront avec joie ; ils rempliront envers vous les devoirs de l’hospitalité ; leur sollicitude et la mienne écarteront de vous tous les besoins ; ils augmenteront votre solde de leurs deniers ; ils feront plus : ils prendront place dans vos rangs pour hâter la destruction des tyrans qui depuis trop longtemps les oppriment impunément. Chacun de vous les guidera au chemin de l’honneur ; de la pointe de vos baïonnettes, vous fixerez la victoire et creuserez le tombeau des Anglais.

Brayes compagnons, les Irlandais sont dignes de la liberté ! Pour en jouir, ils n’attendent que le secours de la Grande nation. Loin de les traiter en ennemis vaincus, vous les regarderez comme les amis de la République française ; vous respecterez leurs personnes, leurs propriétés, leurs usages, leurs mœurs et surtout les malheurs dont le plus affreux despotisme les accable ; vous admirerez leur constance dans la lutte pénible qu’ils ont à soutenir contre la tyrannie.

À ces vertus vous joindrez la plus exacte discipline, sans laquelle nous n’avons point de succès à espérer.

Le Directoire m’a investi du pouvoir de relever le mérite des belles actions et m’a donné le droit de punir le crime ; vous trouverez en moi impartialité et justice.

La bonne conduite, les talens, les actions d’éclat seront publiquement récompensés ; mais la sévérité des lois n’épargnera aucun de ceux qui s’écarteront de leur devoir, et la mort punira les lâches, les alarmistes, les concussionnaires et les pillards.


A Madame Hardy.


28 fructidor (14 septembre).

Il est huit heures du matin, nous sommes sous voiles depuis trois heures ; le vent, quoique très faible, est assez bon ; l’ennemi ne parait pas ; nous sommes hors du Goulet.

Je t’embrasse à travers les mers et te souhaite une bonne santé. Conserve-moi ta tendresse et sois sûre de celle de ton époux, de ton ami.