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NOVEMBRE


Novembre est de retour. C’est la saison d’aimer.
Dans le parc solitaire, où la nuit fait pâmer
Les lys pâles d’automne et les dernières roses,
Flotte l’âme odorante et subtile des choses.
Et, tandis qu’en rêvant j’écoute la rumeur
De la brise, qui naît, s’enfle, décroît et meurt.
Pareille au bruit des mers lointaines sur le sable.
Je ne sais quoi de doux et d’indéfinissable,
Le parfum de la brise ou la couleur des cieux,
Le sourd bourdonnement du parc mystérieux
Ou la complicité de la nuit endormie
Me rappellent le jour où la première amie.
Ayant levé vers moi ses grands yeux apaisés.
Se livra toute pâle à mes premiers baisers.
Comme en moi tout le cher souvenir se réveille !
On dirait que la nuit qui s’est faite, pareille
A la nuit frissonnante et tiède de l’aveu,
Me remplit encor d’elle et me la rend un peu.
Je la cherche des yeux. Je tressaille, j’écoute,
Et mon âme ce soir se sent reprise toute.
J’entends encor sa voix lente me caresser.
Et mes lèvres, sur qui se posa son baiser,
Dans la brise qui passe, exquise et caressante,
Cherchent l’illusion des lèvres de l’absente.


AUTOMNE


Voici l’automne qui finit.
Et l’ombre des sous-bois tressaille.
Les amoureux cherchent un nid.
Un frisson court dans la broussaille.

La brise frôle la forêt.
Des feuilles tournent dans l’espace.
Un ruisseau murmure. On croirait
Entendre l’automne qui passe.