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pittoresques. Temps couvert, un peu pluvieux. La nuit a été lourde et chaude.

L’amiral demande quelle est la consommation de charbon -dans les vingt-quatre heures. On accuse de 40 à 45 tonnes. C’est beaucoup, car nous n’avons pas marché vite, entre 10 et 11 milles à l’heure.

À ce compte, et en complétant, bien entendu, notre charbon à Oran, pourrons-nous « étaler » jusqu’à Brest, où nous n’arriverons, paraît-il, que du 8 au 10 juillet ? C’est douteux, puisque nous ne prenons que 450 ou 500 tonnes, en moyenne, dans nos soutes...

Les machines des gardes-côtes ne sont pas particulièrement économiques, c’est vrai, mais il faut bien aussi reconnaître l’inexpérience, en même temps que le dévouement, d’une partie du personnel de chauffe. On n’a pu fournir au Fontenoy le nombre de chauffeurs brevetés qui lui revient réglementairement. Pour assurer le service normal à trois équipes se relevant à deux reprises différentes dans la même journée de vingt-quatre heures, il a fallu faire état des apprentis chauffeurs et prendre dans l’équipage des hommes de bonne volonté qui, du rôle effacé, quoique indispensable, de soutiers, — approvisionneurs de charbon, — s’élèveront peu à peu, si l’endurance physique ne trahit pas leur zèle, à celui d’apprentis chauffeurs ou chauffeurs auxiliaires.

Mais quand atteindront-ils ce rang honorable ? ... Quand les manœuvres seront terminées ; et, en attendant, notre charbon s’en va en fumée, c’est tout à fait le cas de le dire, en fumée noire et épaisse. Et ce sera bien pis quand les grilles seront engorgées de mâchefer, après plusieurs jours de marche.

D’où vient donc que nous soyons toujours à court de chauffeurs, plus encore que de mécaniciens ?

C’est d’abord qu’il en faut de plus en plus, la puissance des appareils évaporatoires grandissant toujours ; ensuite, que le recrutement des chauffeurs est laborieux, cette spécialité n’ayant pas encore reçu un développement suffisant au point de vue de la hiérarchie des grades ; enfin, que nous ne nous attachons peut-être pas assez à garder ceux que nous formons.

Sans doute on a pris depuis peu de bonnes mesures pour étendre le recrutement, pour favoriser l’instruction pratique, la formation de bons chauffeurs. Il y a encore à faire, et, quand nous voyons la quantité de gabiers, de timoniers, de canonniers, de fusiliers.