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pour ce nouveau Saint-Denis, tantôt l’effigie d’un pontife et tantôt la tombe d’un roi. En attendant, un album allait s’ouvrir, où tous les curés de la péninsule qui célébraient des messes pour le roi auraient à cœur d’inscrire leurs noms, afin de laisser un gage à la piété nationale. Et l’on décidait, comme une chose toute naturelle, que l’église de Castel-Gandolfo, dépendant d’une villa que la loi même des garanties déclare propriété papale, ouvrirait ses portes, toutes grandes, pour une cérémonie de commémoration religieuse à l’occasion du deuil dynastique ;


Cependant les fidèles de toutes nations, témoins proches ou lointains de ces indiscrets élans, pouvaient se demander si le « nationalisme » italien n’allait pas s’enfoncer, à la façon d’un coin, dans le christianisme universel, et si la liberté du Pape, parmi les nuages d’encens et le bruissement des prières, ne serait pas tout doucement ensevelie dans le sépulcre du Roi.

Alors le Vatican sortit de son silence ; il voulut remettre le calme dans la conscience universelle, dont il a la garde et la responsabilité. L’heure n’était plus aux demi-mots : pour couper court aux abus de l’espérance et assurer la sécurité du monde catholique, un langage décisif était nécessaire. Au soir du 18 août, l’Osservatore Romano publia, par ordre, le communiqué que voici :


Quelques personnes en Italie, et beaucoup plus encore à l’étranger, en face des honneurs funèbres ecclésiastiques accordés au défunt roi Humbert, et en face d’une certaine prière publiée pour le repos de son âme, ont émis des plaintes contre l’autorité ecclésiastique, comme si elle s’était écartée, en cela, des lois très saintes de l’Église.

Il importe d’observer que l’autorité ecclésiastique a toléré les funérailles du roi défunt, non seulement pour protester contre l’exécrable délit qui a été perpétré contre sa personne, mais encore, et beaucoup plus, à cause des circonstances personnelles au défunt, qui, dans les derniers temps surtout de sa vie, a donné des marques non douteuses de sentiment religieux, Jusqu’à désirer, disait-on, se réconcilier avec Dieu, par le moyen des sacremens, en cette année jubilaire.

Cela posé, il est à présumer que dans les derniers momens de sa vie il a imploré l’infinie miséricorde de Dieu, et que s’il en avait eu la facilité il n’aurait point hésité à se réconcilier avec lui.

Or c’est une loi de l’Église, déclarée plusieurs fois par la Sacrée Pénitencerie, qu’en pareil cas, on peut consentir la sépulture ecclésiastique même à quelqu’un à qui, par ailleurs, elle ne serait point due, en réglant la pompe extérieure conformément au rang de la personne.