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britannique, la Gambie. Puis se trouve une autre petite région, la Guinée portugaise ; vient ensuite la Guinée française ou Rivières du Sud. En suivant encore la côte vers le Sud, on rencontre successivement : le Sierra-Leone, la république noire de Libéria, la Côte d’Ivoire française, la Côte d’Or, le Togo allemand, le Dahomey français, finalement le Lagos et le protectorat de la côte du Niger, derrière lequel s’étendent les possessions de la Compagnie du Niger. Tous ces établissemens forment en quelque sorte la bordure extérieure du grand continent. Ce dernier est entouré par une région basse, marécageuse, malsaine, qui couvre une largeur d’environ 50 à 60 milles. C’est là qu’abondent les richesses immédiatement utilisables de l’Afrique occidentale, huile et noix de palme. Derrière les marécages s’étend une épaisse ceinture de sombres forêts. C’est la région ténébreuse des arbres gigantesques, dont le soleil essaye, en vain, de percer les voûtes de feuillages entrelacés, des puissantes broussailles enchevêtrées, d’où s’élèvent des vapeurs pestilentielles qui vous suffoquent, tandis que le silence et l’aspect effrayant, en quelque sorte surnaturel, de toutes choses, vous remplit d’une indescriptible et énervante mélancolie. Mais un jour le purgatoire lui-même prend fin. Maintenant la forêt s’évanouit et l’on émerge dans une contrée belle et ouverte, avec des hautes terres, de fertiles vallées et des montagnes vaguement bleues dans les lointains. C’est là que réside l’avenir de l’Afrique occidentale, quand on aura drainé les marécages, quand la voie ferrée aura traversé la ceinture forestière, quand les larges routes commerciales prendront la place des pistes à peine frayées et que l’impulsion de la pénétration européenne se sera portée de plus en plus loin vers les hautes terres plus saines. Voilà l’action essentielle que nous n’avons pas su réaliser : c’est ce que la France a parfaitement bien compris. »

Ainsi s’exprimait, dans un article du 1er septembre 1897, la Daily Chronicle. Et, poursuivant sa complainte pour réveiller le zèle de ses compatriotes, le journal anglais montrait la Gambie et Sierra-Leone «condamnés » à une mort lente au point de vue économique, depuis que, par les diverses conventions conclues de 1883 à 1893, elles ont été coupées pour toujours de leurs hinterlands naturels ; il signalait la Côte d’Or fortement « concurrencée » par la Côte d’Ivoire, Lagos par Kotonou, qui, en moins de quatre ans, avaient su réaliser un chiffre annuel d’affaires de