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jonction avec les détachemens venus du Dahomey. Les lieutenans Voulet et Chanoine installèrent méthodiquement des postes dans le Mossi et le Gourounsi ; ils enlevèrent Ouagadougou le 1er septembre 1896, atteignirent le Gourma dès février 1897, et aidèrent MM. Baud et Vermeersch à pacifier la contrée. Au bout de quelques mois, par une série d’efforts bien combinés et soutenus, toutes les positions utiles se trouvaient ainsi effectivement occupées en vue des négociations futures.

L’opération ne s’était pourtant pas accomplie sans quelques heurts avec nos compétiteurs européens. A peine nos missions parties de Pama, les Allemands y étaient arrivés, et le capitaine Baud avait dû revenir sur ses pas pour les prier d’en sortir ; ils le firent d’abord, puis y revinrent, si bien qu’en définitive la ville resta occupée simultanément par un détachement français et un autre allemand, jusqu’à ce que l’accord intervînt entre les deux gouvernemens intéressés. Quelques mois plus tard, dans la région de l’Ouest, à Oua et à Bouna, même incident avec les Anglais ; même solution aussi, après échange de sommations réciproques d’avoir à évacuer ces places, sommations qui, bien entendu, restèrent sans effet.


III

Les jeux étant faits désormais, il n’y avait plus qu’à abattre les cartes. La conversation diplomatique commença d’abord avec l’Allemagne, et cela dès le printemps de 1897. Les coloniaux de Berlin menaient grand bruit autour des progrès de la France dans la boucle du Niger et dénonçaient avec violence le « sans-gêne » avec lequel elle s’était établie sur des points dont la possession était revendiquée par le Togo» Le gouvernement allemand ne s’émut pas outre mesure des reproches d’inertie qu’on lui adressait ; il apporta dans les négociations suivies à Paris le désir le plus sincère et le plus loyal d’aboutir à une entente équitable. La discussion se poursuivit néanmoins durant plusieurs semaines. D’un sérieux examen des titres et de concessions mutuelles résulta enfin la convention du 23 juillet : le Togo allemand conservait Sansanné-Mango et remontait sa frontière jusqu’au 11e parallèle, mais, en reconnaissant à la France la possession intégrale du Gourma et du Borgou, l’Allemagne s’interdisait tout accès au Niger.