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Mais d’autres adhésions encore paraissent s’être produites dès la première heure. Bien que les États-Unis n’aient pas été absolument explicites dans la forme qu’ils ont donnée à la leur, on la considère comme acquise. Ils ont rappelé, en répondant à la note de Saint-Pétersbourg, les motifs pour lesquels ils avaient envoyé un détachement de leurs forces militaires en Chine, et ils ont constaté avec satisfaction que les principes de leur politique étaient absolument conformes à ceux de la politique russe. Il ne pouvait s’agir, dans leur pensée, ni d’une acquisition territoriale, ni d’un acte quelconque qui fût de nature à précipiter le démembrement de l’Empire. Toutes les puissances avaient d’ailleurs fait, à ce sujet, des déclarations identiques. Dès lors, disait le gouvernement américain, « il ne doit pas être difficile, au moyen de négociations concurrentes, d’arriver à une entente amicale avec la Chine, grâce à laquelle les droits reconnus par traités aux diverses puissances seront confirmés pour l’avenir, la porte ouverte sera assurée, les intérêts et les biens des citoyens étrangers seront protégés, et pleine réparation sera faite pour les torts et les dommages qui leur ont été causés. » On ne pouvait préciser en meilleurs termes le but que doivent poursuivre toutes les puissances et que, dans tous les cas, les États-Unis se sont proposé. Rien de moins, mais aussi rien de plus. Le gouvernement américain constate ensuite que, s’il s’est passé des événemens très graves à Pékin et dans le nord de la Chine, la plus grande partie du pays est restée calme, et que l’ordre n’y a pas été sérieusement troublé. S’il l’a été sur quelques points, les efforts des vice-rois n’ont pas tardé à le rétablir. La situation générale est donc favorable au rétablissement de la paix. On y parviendrait sans doute par une « occupation conjointe de Pékin Jusqu’au moment où le gouvernement chinois serait en état de conclure de nouveaux traités contenant des réparations pour le passé et des garanties pour l’avenir. » « Toutefois, » ajoute la note américaine, « nous considérons que, si une seule puissance vient à retirer ses troupes de Pékin, elle activera par là le retrait général des troupes de toutes les autres, ce qui est désirable. » En conséquence, le gouvernement de Washington a envoyé des instructions au commandant de ses forces en Chine pour qu’il se retire de Pékin après avoir conféré avec ses collègues quant à l’époque et aux conditions de ce retrait. C’est dans le cas seulement où il y aurait « unanimité parmi les cabinets à modifier les vues exprimées par le gouvernement russe dans le sens d’une occupation prolongée de Pékin, » que ces instructions seraient retirées ou modifiées. Elles ne le seront donc pas, et on peut