Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 161.djvu/481

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

acquis, ou à l’évacuation des positions que nous avons gagnées. Vous pouvez en tout cas être certains, Mylords et Messieurs, que si jamais quelque chose ressemblant à cela était proposé aux puissances, le gouvernement de Sa Majesté n’y participerait pas. » L’allusion est transparente ; lord George Hamilton a certainement voulu dire que quelque chose qui ressemblait à cela avait été proposé au gouvernement de la Reine. Mais il ne semble pas que ce gouvernement l’ait repoussé a priori d’une manière aussi péremptoire que l’a fait le secrétaire d’État pour les Indes, puisque la seule réponse qu’on ait encore reçue de lui est qu’il a consulté ses représentans en Chine, et qu’il attend leurs rapports. Cela peut durer encore quelque temps. Lord Salisbury a l’habitude de laisser parler ses collègues, et il lui est arrivé plus d’une fois défaire remarquer, lorsqu’on invoquait leurs discours, qu’il n’avait encore personnellement rien dit : sa parole seule engage le gouvernement. On se rappelle même qu’un jour, à propos d’un discours prononcé par M. Chamberlain en dehors du parlement, lord Salisbury a déclaré tout simplement ne l’avoir pas lu. Il est donc possible que celui de George Hamilton soit l’expression d’un sentiment individuel et non pas de la politique du ministère. Lord Salisbury est dans les Vosges ; il ne montre aucune hâte de rentrer à Londres ; il laisse dire et il se tait, sans paraître prendre un très vif intérêt à ce qui se passe à Pékin, ou du moins à la question de savoir si on y restera ou si on l’évacuera. Peut-être pense-t-il, lui aussi, que cette question n’a pas toute l’importance qu’on y attache dans certains journaux, et qu’on peut la résoudre dans un sens ou dans l’autre sans que les événemens ultérieurs en soient bien sensiblement modifiés. Il est arrivé plus d’une fois à lord Salisbury de montrer un sang-froid voisin de l’indifférence au milieu de l’effervescence générale : généralement, il ne s’en est pas mal trouvé.

Quant à l’Allemagne, elle ne peut pas se dissimuler que certaines de ses manifestations ont étonné les autres puissances, et peut-être ferait-elle bien aujourd’hui de s’appliquer à les rassurer. Il n’y a de la part de qui que ce soit aucun mauvais sentiment à son égard ; et, bien qu’elle ait apporté dans sa politique en Extrême-Orient des procédés nouveaux, qui n’ont pas toujours été recommandables, — ils ont été pour quelque chose dans les derniers événemens, — nul ne songe à la gêner dans la poursuite de ses intérêts. On s’est demandé seulement où elle voulait aller et où elle prétendait nous conduire, questions qu’il était impossible de ne pas se poser en écoutant avec l’attention qu’ils méritent les discours de l’empereur Guillaume, mais auxquelles