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haut sont aux mains de l’ennemi, qui vient se briser contre les poignées du 35e et du 42e. Il n’a pas mieux réussi au Four-à-Chaux où la brigade Paturel l’arrête court et le pourchasse. Le 1er corps se remet de sa surprise. Ducrot reprend haleine, il ne sera pas tourné sur sa droite.

Au centre, sur le plateau de Villiers, la division Berthaut, bien retranchée, tient ferme. À gauche, où la brigade Daudel occupe Bry, l’alerte a été chaude. Les Saxons ont emporte le parc Dewinck et la moitié du village. Comme à Champigny, la journée commence par une débandade, rapidement contenue, grâce au général Daudel et au colonel Coiffé. On se bat de mur à mur, de jardin à jardin, on se fusille sur les pentes. Mais cédant aux craintes exagérées de d’Exéa, resté sur la rive droite, et voyant les Saxons descendre de Noisy, Ducrot prescrit à Daudel de retraverser la rivière. Celui-ci, en pleine lutte, n’exécutait qu’à regret le mouvement, quand Trochu, venant se mêler à l’action, ordonne de se reporter en avant. Sur toute la ligne, l’artillerie accourue avait engagé un feu violent, tandis qu’en arrière du plateau d’Avron, du Ferreux, du fort de Nogent, une tourmente d’obus fend l’air et s’abat.

Il est à peine neuf heures ; la première poussée du prince de Saxe, pour culbuter l’armée, la jeter à la Marne, a échoué ; le général de Fransecky lance contre le 1er corps une brigade fraîche. L’un des régimens se heurte à la troupe du général Paturel, qui tombe grièvement blessé ; mais sous la fusillade des tranchées et des carrières, les Poméraniens rétrogradent, disparaissent dans Villiers. Ils en ressortent, leur artillerie prenant le dessus ; leurs tirailleurs, derrière les haies, les clôtures, les vergers, descendent des pentes de Cœuilly, tirent de la Maison-Rouge ; la brigade Paturel les ramène à la baïonnette, reprend la Plâtrière. À Champigny, le second régiment prussien et les Wurtembergeois s’acharnent à l’assaut, au milieu des maisons en flammes, de la fumée épaisse. Partout, des coins de rue, des barricades, des fenêtres, des greniers, du clocher de l’église, les détonations partent. Au-dessus l’azur clair s’éploie, dans la gaieté du ciel vif et l’éblouissement du soleil. L’ennemi arrêté recule.

Au plateau de Villiers, la division Berthaut se défend énergiquement. La réserve générale accourt à l’aide des batteries. Les Saxons débouchent de Noisy et du Villiers. On se dispute, on s’arrache, champ par champ, verger par verger, le plateau re-