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délivrée, rendue accessible à tous ; et, à son exemple, les docteurs de la loi la maintenaient publique, soit par la clarté de l’enseignement parlé, soit par la simplicité d’une écriture facile à comprendre et à retenir.

Cette loi enseignait à l’homme des devoirs précis et impérieux. Elle avait fondé la famille sur le respect des parens et la monogamie, prescrit l’inviolabilité de la vie humaine et adouci l’esclavage ; elle avait interdit non seulement le vol, mais la cupidité du bien d’autrui, elle défendait le mensonge.

Cette loi ordonnait au nom d’un maître suprême, unique, éternel, invisible et tout-puissant. L’homme était averti de n’adorer ni les ouvrages de ses mains, ni les fantômes de son imagination, ni les forces de la nature. Pour le mieux préserver de toute idolâtrie, cette religion lui apprenait comment et dans quel ordre le ciel, les eaux, la terre, les plantes, les animaux, avaient été faits de rien. Non moins formelle dans ses enseignemens sur l’homme, elle disait l’unité de l’espèce par la création d’Adam, le premier père ; la première faute, la désobéissance et son châtiment, la vie douloureuse et mortelle qu’Adam a transmise à sa postérité ; la seconde faute, la corruption punie par le déluge, et l’unité de la race continuée dans la survivance d’une seule famille ; la troisième faute, l’orgueil de cette famille devenue multitude, qui, pour s’être réunie dans le travail d’atteindre le ciel, est dispersée par toute la terre, et, pour avoir concerté de s’égaler à Dieu, devient incapable de se comprendre ; enfin la rébellion perpétuée sous toutes les formes et dans tous les âges par le peuple que le Seigneur s’est choisi entre ces peuples, et la dette héréditaire accrue par l’iniquité de chaque génération. Ainsi elle donnait à ses fidèles conscience qu’il fallait, pour compenser ce poids toujours plus lourd d’iniquités, une plénitude de mérites et, pour soustraire l’humanité à la justice, un secours surhumain ; elle montrait nécessaire le Sauveur qu’elle annonçait.

Non seulement elle était sans égale par la hauteur et l’enchaînement de ses leçons : mais des signes extraordinaires venaient attester sa vérité. Elle avait des prophètes ; leurs livres, qui accroissaient le trésor de l’écriture sainte, racontaient leurs visions d’avenir, et à voir s’accomplir les faits annoncés par les morts, chaque génération de vivans se sentait affermie dans sa foi. D’autres preuves, traversant les âges, sont venues attester même au scepticisme du présent siècle l’autorité de la Bible.