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représenteraient 11 millions de dollars, rien que pour les trois derniers mois qui précèdent la désignation des électeurs présidentiels.

L’impression et la distribution, qui est incessante, des brochures de toute sorte dont il a été question plus haut pendant toute la période électorale, figurent également dans l’addition pour une somme considérable. Le nombre des documens expédiés dont le total était déjà évalué à plus de 16 millions lors de l’élection de Garfield (1881), — la première pour laquelle ce mode de propagande soit devenu un facteur essentiel du succès, — s’est sensiblement augmenté à chaque campagne nouvelle et on n’est pas éloigné de croire que cette année ces publications diverses atteindront 100 millions d’exemplaires pour chacun des deux partis. Ajoutons à cette nomenclature 10 millions de boutons à l’effigie ou aux initiales des candidats, des centaine de milliers de drapeaux et d’emblèmes de tous les genres et de tous les formats, de cartes géographiques indiquant l’extension territoriale acquise par les États-Unis sous la dernière présidence, etc., etc.

La présente campagne sera marquée, d’ailleurs, par des innovations qui viendront encore grossir le bilan ordinaire des dépenses. Le parti républicain a décidé, par exemple, de faire une abondante répartition de phonographes, qui se chargeront, partout où cette méthode sera jugée opportune, de faire entendre, sous une forme vivante, les conseils politiques que réclame la situation. A cet effet, des discours inédits ont été récités devant les appareils enregistreurs par un certain nombre de membres du Parlement[1], dont les « speeches » pourront être ainsi indéfiniment reproduits pour l’édification des populations rurales, à qui ils sont plus particulièrement destinés.

Les démocrates comptent prendre leur revanche en appelant à leur aide les exhibitions stéréoptiques. De véritables représentations en plein vent, organisées au moyen de projections électriques et tendant à la glorification de leur parti, doivent avoir lieu sur les points spécialement menacés par la propagande républicaine.

On comprend que des campagnes électorales exécutées d’après des plans aussi gigantesques exigent un apport de fonds dont les

  1. M. Bryan a, de son côté, été prié de répéter, dans les mêmes conditions, la péroraison du discours qu’il avait prononcé en acceptant la candidature démocratique.