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guerrière a endossées sous Louis XIV, et même, un peu, sous Louis XV. Les premières ont apparu sous Louis XIII, elles caractérisent le mauvais goût utilitaire qui préside à l’établissement des modèles réglementaires. Laides entre toutes, elles le sont plus encore quand la bonne volonté du décorateur s’obstine aies vouloir orner. Leurs casques sont, ordinairement, la cervelière en coupole conique, du type byzantin, que viennent compléter un couvre-nuque détaché, des jouées en section de cercle, un nasal mobile qui traverse souvent une avance pointue. Ainsi la cervelière turque se transforme-t-elle en casque à la polonaise. Quelques modifications en tirent la capeline qui est également orientale. De ces capelines à armet, on voit ici plus d’un exemple ; avec leur grand couvre-nuque épanoui et lamé, leur timbre hémisphérique et surbaissé, elles rappellent les casques japonais qui ne sont guère plus anciens, peut-être. Le jour où l’on datera d’une manière rationnelle et scientifique les armes du Japon, amènera certainement plus d’une surprise, et l’on sera étonné d’apprendre combien sont modestes, au moins comme ancienneté, ces objets que l’on voudrait nous présenter comme médiévaux. N’a-t-on pas attribué, sous le premier Empire, à Godefroy de Bouillon, une belle armure ornée du Musée d’Artillerie qui a été exécutée sous Henri III, sinon sous son successeur, vers 1590, au bas mot ? C’est là un péché mignon d’amateur que de décerner des brevets d’antiquité aux objets, comme des attributions historiques. Des marchands de tableaux cette manie va s’étendant aux marchands d’armures. En France, la capeline orientale devient courante sous Louis XIII ; sous Louis XIV, avec le chapeau de fer, elle fut la dernière coiffure de la grosse cavalerie, jusqu’à ce que les hideux casques de cuivre eussent fait leur apparition, pour donner à l’industrie du chaudronnier, définitivement, le pas sur l’art du batteur de plates. La cuirasse de guerre du palatin Palfy, qui nous battit à Malplaquet, possède une capeline de ce type. Si c’était alors la mode de s’en couvrir le chef à la guerre, la mode voulait aussi qu’on ne la figurât point dans les portraits. Car, comme pour montrer combien les armures usuelles différaient de celles sous quoi l’on se faisait peindre, on a exposé le portrait en pied du Palatin, brossé dans la manière froide et somptueuse d’Hyacinthe Rigaud. Là, le vice-roi de Hongrie se dresse avec une cuirasse et un casque, — placé près de lui sur une table, — purement théoriques, ce semble,