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des massifs d’or, n’ont probablement de français que le gisement où on les trouva. Elles se rapportent à cet art venu sans doute de l’ancienne Scythie et que les Goths semblent avoir partout importé avec eux, jusque dans le centre de l’Espagne où fut déterré le fameux trésor de Guarazzar. En tout cas, les armes du Musée de Troyes, représentées à notre cabinet des médailles par de bons moulages, méritaient de figurer à l’Exposition de 1900, et leur valeur archéologique est hors de toute discussion, tout comme celle de la cervelière conique qui appartient au Musée de Grenoble où on la connaît sous le nom du casque de Véseronce, en souvenir du lieu de la découverte. C’est là qu’en 524 Clodomir fut battu et tué par les Burgondes. Mais ce casque, de forme byzantine, que l’on s’accorde à dater du XIe siècle, n’a pas dû appartenir aux combattans de Véseronce. Il convient plutôt de le rapprocher d’une cervelière assez semblable, que possède notre Musée d’Artillerie, et qui est attribuée à Henri le Lion, duc de Bavière, qui vivait au XIIe siècle. Rien n’indique, d’ailleurs, dans cette défense de tête un travail français. Les épées du Musée de Saint-Omer pourraient rentrer avec plus de vraisemblance dans la catégorie de nos produits nationaux. Ce sont, pour la plupart, d’anciens et curieux débris allant de l’époque carolingienne jusqu’à la fin du XVe siècle, sinon au commencement du XVIe siècle, comme l’indique une garde à pas d’âne unique qui est d’un modèle entre tous rare et précieux. On aurait pu éviter de confondre toutes ces épées, à première vue datant d’époques très diverses, sous une commune étiquette où est portée la mention : XIIIe et XIVe siècles. On y voit en effet un branc carolingien très pur, et bon nombre d’épées du XVe siècle, pour s’arrêter au principal. Beaucoup de lames montrent des inscriptions incrustées de cuivre ou d’argent. Les manufactures d’armes du nord de la France ont été trop florissantes durant notre moyen âge pour qu’il soit déraisonnable de leur faire honneur de ces produits. Chaque jour les tourbières de l’Oise et de la Somme nous rendent des épées et des dagues ; on les y trouve merveilleusement conservées. Les types les plus abondans sont ceux de 1250 à 1500, environ, la majorité même appartient au xiv" siècle. On peut voir encore au Petit Palais quelques curieux spécimens de dagues à rognons et de dagues à rouelles octogonales : ces dernières étaient souvent appelées dagues d’Ecosse.

On peut voir aussi un très beau lot de couteaux et d’office,