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lorsqu’il possédera un peu plus d’aisance, de culture et de loisir.

Les settlements, à l’exception d’Oxford House, ne donnent point d’éducation religieuse. Dans un roman publié cette année même sous ce titre The Alabaster Box, et où sir Walter Besant décrit l’existence et le travail des résidens dans une sorte de settlement idéal, formé de traits empruntés à tous les settlements véritables, on voit Hélène, une belle et imposante jeune fille qui remplit avec autant de charme que d’autorité les fonctions de Warden, promener, certain dimanche matin, à travers les rues de l’East End, un jeune visiteur dont elle veut faire un adepte de l’œuvre civilisatrice. Elle le conduit successivement chez les anglicans orthodoxes et chez les dissidens, parmi les catholiques et parmi les salutistes. Ici, résonne le plain-chant romain, pendant que la vapeur de l’encens monte vers le crucifix et que la procession des blanches aubes et des chasubles étincelantes se déploie lentement autour de la nef. Ailleurs, ils voient les pécheurs repentans sangloter au banc de pénitence et une voix émue leur crie avec angoisse : « Oh ! mon frère, ma sœur, êtes-vous sauvés ? » Et, gravement après avoir traversé tous ces lieux de prière, Hélène se tournant vers son compagnon, lui dit : « Nos gens ne sont pas là ! » Où sont-ils donc ? Partout, nulle part. Le settlement ne veut pas connaître la foi de ses amis. D’où qu’ils viennent, ils sont les bienvenus. Cela est bien dit, bien pensé ! et pourtant, sir Walter Besant n’est pas tout à fait aussi équitable qu’il croit et veut l’être. Je ne peux m’empêcher de remarquer que, dans son curieux roman, le catholicisme est représenté par une sorte de simple, qui tient du saint et de l’idiot. Il met sa joie à collectionner des chapelets, à se tremper d’eau bénite, à traîner une. vieille soutane dans les couloirs du settlement et à se donner — probablement — la discipline à ses momens perdus. Il contemple et n’agit point. Sans force intellectuelle et sans vigueur physique, il subit patiemment les injures et les coups. Savoir s’humilier et savoir mourir sont, en effet, deux grandes sciences ; mais est-ce là tout le catholicisme ? N’a-t-il pas d’autres talens et d’autres vertus ? Un homme comme sir W. Besant ne peut ignorer les merveilleux dons que le catholicisme a déployés pour l’organisation et la conduite des sociétés. Il y aurait cruauté à comparer l’œuvre de l’anglicanisme avec celle que le christianisme romain a accomplie dans le monde. Aussi bien, ce n’est pas le lieu ni l’heure. Mais si les religions sont