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fassent le service ; ils ont cinquante mètres de long, mais le Gouvernement va mettre à flot un type nouveau, qui s’appellera le Kempenaere. Il doit faire en douze jours le trajet entre Léopoldville et Stanley-Falls. De là il faut compter, moitié en bateau à vapeur, moitié en pirogue, vingt-deux jours pour se rendre à Kasongo, dernier point navigable du fleuve. De Kasongo à Albertville, sur le Tanganyka qui forme la frontière de l’Etat, les agens se transportent par caravanes en une vingtaine de jours, soit donc deux mois pour traverser tout l’Etat Indépendant par les voies les plus rapides. Il en faut au moins autant pour se rendre du Tanganyka à la côte orientale vers Zanzibar, au travers des possessions allemandes, par des routes de caravane assez fréquentées. Mais si, du sud du Tanganyka, on voulait atteindre l’embouchure du Zambèze par le lac Nyassa et les parties navigables du fleuve, il faudrait compter au moins trois mois, le service des bateaux à vapeur étant très incertain et les espaces à franchir à pied encore considérables. Un touriste pressé peut donc maintenant, dans l’un ou dans l’autre sens, effectuer en moins de six mois le trajet de l’Océan Indien à l’Océan Atlantique. Dans dix ans, les conditions de ces voyages auront singulièrement changé : un chemin de fer, qu’on étudie en ce moment, reliera les Stanley-Falls au lac Albert, et les Anglais auront sans doute terminé le leur, qui doit relier cette région à Monbaza, port magnifique qu’ils ont créé dans leurs possessions de la côte orientale d’Afrique, un peu au-dessus de Zanzibar. Il sera même loisible au touriste de bifurquer du lac Albert sur Redjaf et de gagner ainsi, par le Nil, la ville de Karthoum. Une expédition récente d’un agent de l’État vient de prouver que, malgré les herbes touffues, le Nil, au moment des hautes eaux, est navigable entre Redjaf dans le territoire concédé de Lado et Karthoum, d’où il est facile maintenant d’atteindre le Caire.

Le télégraphe aura devancé les voies ferrées ou navigables. Aujourd’hui l’Etat s’est créé déjà quinze cents kilomètres de lignes télégraphiques qui mettent en communication Boma et l’Equateur, suivant l’une ou l’autre rive du Congo au travers des forêts ou des marécages. Il a fallu lancer un câble aérien au travers du fleuve ou de ses affluens, avec des portées de huit cents mètres sur le Congo et de douze cents mètres sur le Kassaï. La pose du télégraphe, qui aura un développement de six mille kilomètres, reliant les frontières orientale et occidentale de l’Etat, est