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MÉTAUX ET CHARBONS

Si jamais l’âge de la houille, du fer et des autres métaux a paru régner sur la terre, c’est bien à la fin de ce XIXe siècle, qui s’achève au milieu d’une activité, nous pourrions dire d’une fièvre industrielle, dont les manifestations éclatent de toutes parts. Les œuvres de la paix et de la guerre se combinent pour demander à la fois des chemins de fer et des canons, des tramways électriques et des plaques de blindage, des instrumens aratoires et des armes de plus en plus meurtrières, de plus en plus perfectionnées. Un éminent philanthrope, M. Jean de Bloch, a écrit un ouvrage en six volumes, dans lequel il cherche à démontrer que cette hypertrophie d’arméniens finira par rendre les guerres impossibles, tant le nombre des victimes y sera considérable. Non contentes de s’outiller elles-mêmes, les nations européennes et américaines, qui sont à la tête de ce mouvement, prétendent y faire participer le reste du monde : c’est presque de force qu’elles veulent imposer à l’Afrique et à l’Asie ce que l’on pourrait appeler l’équipement moderne. Sur des territoires peu habités et en face de populations misérables, telles que celles du continent noir, l’œuvre est aisée : il n’y a guère d’autres difficultés à vaincre que le climat. Mais, lorsque nous nous heurtons à des masses profondes comme celles que recèle la Chine, nous risquons de rencontrer tout d’abord une opposition énergique à nos plans ; puis, après avoir réussi à les instruire dans les arts mécaniques et les sciences appliquées, nous nous apercevons un jour que notre rôle a été passager et que la porte est fermée à nos capitaux et à nos ingénieurs. Ce qui s’est passé au Japon en moins d’un quart de siècle nous montre ce qu’un peuple asiatique peut