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vers la fin du printemps de 1900 : si les prix de la houille sont encore au niveau le plus élevé, ceux du fer et de l’acier ont presque partout subi un recul : c’est du reste ce qui se produit lors de chacune de ces époques d’expansion que les Anglais désignent du nom de boom : le charbon ne monte qu’après les métaux, mais il est aussi le dernier à baisser. La baisse du fer s’explique tout d’abord par la hausse elle-même, qui a ralenti les commandes, par l’augmentation énorme de la production et aussi par le renchérissement du charbon, dont le prix est un élément primordial de celui du fer. Cette hausse du charbon, en diminuant la marge de bénéfice des producteurs et en les forçant à élever leurs prix et à les maintenir, alors même que les stocks commencent à s’accumuler, tend à diminuer le chiffre des affaires. Telle est la situation de l’heure présente ; mais nous ne saurions nous rendre compte de ce que seront ces marchés dans un avenir prochain, sans envisager les besoins probables du monde dans les premières années du XXe siècle. Le développement des entreprises électriques, la continuation des armemens, la réfection du matériel anglais employé à la campagne sud-africaine, la guerre de Chine, semblent assurer d’ores et déjà un chiffre de commandes considérable ; l’achèvement du Transsibérien, la construction des divers chemins de fer que la Russie poursuit en Asie, vont absorber des millions de tonnes d’acier. Celles-ci paraissent devoir en partie être fournies par les Américains, qui ont pris pied en Sibérie, en Chine, en Corée : dans ce dernier pays, ils ont construit un chemin de fer électrique à Séoul, ils exploitent des mines. Il est probable qu’après la crise actuelle, le Céleste-Empire s’ouvrira plus volontiers aux entreprises modernes : des chemins de fer, des usines de toute sorte vont être établis par les Européens dans les diverses sphères d’influence qui leur sont réservées : la France au Sud, l’Angleterre dans la vallée du Yang-tse-Kiang, l’Allemagne à Kiao-Tcheou, la Russie dans la Mandchourie, vont avancer à grands pas, et l’effet de cette conquête pacifique, succédant à la guerre, sera de maintenir une grande activité sur les principaux marchés métallurgiques du monde. Un jour viendra sans doute où les richesses minières de la Chine, en fer et en charbon, seront exploitées et où elle produira elle-même la plus grande partie de ce qu’elle consommera : mais cette époque est encore lointaine, et, pour plusieurs années, cet empire constituera un champ ouvert aux communautés industrielles plus