Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 162.djvu/224

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

libre ou plus ou moins lâchement combiné à d’autres élémens. Chez les malades, on a étudié les variations dans le degré d’acidité ; et les médecins, au premier rang desquels se trouvent ici MM. Hayem et Winter, ont distingué des états symptomatiques caractérisés par la surproduction de l’acide ou au contraire par son insuffisance.

Au milieu de tous ces progrès accomplis par le chimisme stomacal, le physiologisme proprement dit était un peu oublié. On ne connaissait pas bien les circonstances qui amènent l’estomac à sécréter ce suc si patiemment analysé, à en varier la quantité et même la composition pour l’adapter aux besoins de la digestion. C’est là ce que M. Pawlow vient de nous apprendre.


VI

Le docteur W. Beaumont, par la fenêtre restée béante dans l’estomac du chasseur canadien, avait vu, au moment où les alimens arrivaient dans l’organe, le suc gastrique sourdre à la surface de la muqueuse en gouttelettes, à peu près de la même manière que la sueur perle sur la peau échauffée. Les physiologistes avaient vérifié cette observation sur les animaux pourvus d’une fistule gastrique artificielle. Il avait été admis, en conséquence, que la sécrétion stomacale était provoquée par le contact des substances alimentaires avec la muqueuse.

C’est bien là, en effet, l’une des causes de la sécrétion. Pawlow en a découvert une autre, plus importante ; mais il a confirmé l’existence de celle-là. L’aliment qui touche la paroi l’irrite de quelque façon et détermine l’activité des glandes logées dans son épaisseur. L’apparition du liquide glandulaire est une réplique à cette irritation. Comment se produit-elle ? Sans doute par l’établissement d’un court-circuit nerveux : la substance alimentaire excite des filets sensibles qui réagissent sur les filets sécréteurs des glandes : le suc s’écoule.

Il importe de remarquer la lenteur de cette réaction. Ce n’est pas tout de suite après le contact que l’on voit sourdre le suc gastrique ; c’est après un délai assez long, de vingt minutes, de trente minutes. Il n’a pas suffi que la substance touchât simplement la paroi : il semble qu’il lui ait fallu le temps de la pénétrer, de l’imprégner. D’ailleurs, une fois mise en train, la sécrétion se continue longtemps ; puis elle s’atténue et se tarit enfin au bout de douze à quinze heures.

Une autre observation, qui n’est pas sans rapport avec celle-là, et qui n’est pas moins essentielle, c’est que l’estomac ne se comporte pas