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désirant passionnément celle de la France, n’eût-ce été que dans l’intérôt de sa propre grandeur, sut gouverner un tel empire avec des frais généraux certainement huit à dix fois moindres que ceux de la France actuelle, beaucoup moins étendue et qui n’est pas, il s’en faut, huit à dix fois plus forte, plus sûre pour les droits civils de chacun, ni même plus riche. Les recettes totales, de leur côté, ne dépassèrent pas 14 795 millions, ce qui fait ressortir un déficit de 498 millions.

Quant à la dette publique, dont les charges figurent pour 108 millions au budget de l’an IX et pour 116 millions au budget de 1815, nous verrons plus loin quel fut en réalité son mouvement par suite des événemens politiques qui se déroulèrent de 1801 à 1815 inclusivement.

Une étude financière approfondie appellerait ici bien des observations ; mon but, je l’ai dit, est seulement de présenter des tableaux aussi justes, aussi clairs que possible. À ce titre, les indications qu’on vient de voir suffisent pour montrer ce que furent les chiffres des budgets des quinze premières années du siècle. Il ne reste qu’à poursuivre cette revue.


II. DE 1816 A 1829

Les Comptes généraux des Finances rassemblent les budgets relatifs à la Restauration depuis 1814 inclusivement, sauf les trois premiers mois, jusqu’à la fin de 1819. J’ai laissé les années 1814 et 1815, comme on vient de le voir, dans les comptes de la période napoléonienne. Sans doute la Restauration commença politiquement en avril 1814 ; le 2 avril, avec la proclamation, par le Sénat, de la déchéance de l’Empereur et de sa famille ; le 6, avec l’abdication de l’Empereur, et avec le décret du Sénat conservateur de l’Empire appelant au trône Louis-Stanislas-Xavier de France, comme roi des Français ; le 12, avec l’arrivée à Paris du Comte d’Artois comme lieutenant général du royaume ; le 20, avec les adieux de Fontainebleau et avec l’entrée solennelle de Louis XVIII à Londres en sa qualité de roi de France, en attendant qu’il fît, le 3 mai, son entrée à Paris. Mais les événemens qui dictèrent en définitive le budget de 1814 dépendent de l’Empire ; de même que le retour de l’île d’Elbe et les quatre mois