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enregistré une de ces transformations décisives qui renouvellent l’outillage et les conditions de la grande industrie. Nous sortîmes de la Galerie des Machines, en 1889, avec la persuasion que la future Décennale nous montrerait ces deux victoires de la science : la substitution de l’électricité à la vapeur dans la traction de nos chemins de fer ; des emplois faciles et fréquens de la force électrique, empruntée aux sources naturelles à de longues distances. Il a fallu rabattre de nos présomptions. Certes, il n’y a pas eu d’arrêt dans les développemens et les conquêtes de l’électricité. La modeste débutante de 1889 est devenue grande et forte personne. Elle a son palais, elle est dans ses meubles. La petite dynamo a vu décupler sa taille et sa puissance ; elle avait un mètre de rayon, elle en a dix ; elle développait une force de 500 chevaux, elle en fournit 5 000, avec ces alternateurs triphasés qui dressent orgueilleusement sur nos têtes leurs étages d’acier. Mais la vieille houille demeure la génératrice nécessaire de cette force ; le moteur à vapeur est toujours indispensable pour susciter ces énergies auxiliaires ; et, si l’électricité gagne chaque jour du terrain sur la traction animale, pour les communications urbaines et les petits trajets, si même elle actionne un Métropolitain qui marche quelquefois, elle n’a pas encore su s’emparer d’une locomotive sur nos grands réseaux, d’un vaisseau sur l’Océan. Pour énumérer ses emplois à l’Exposition, nous n’aurions que peu de retouches et d’additions à faire à notre compte rendu d’il y a onze ans ; il faudrait majorer les chiffres, constater sa diffusion et son pouvoir croissant comme moyen d’éclairage, signaler sa propagation comme outil industriel, mais toujours dans la condition subordonnée d’un intermédiaire, d’un accumulateur qui s’interpose entre le moteur originel et la matière ouvrable. Le fait nouveau ne s’est pas produit qui intervertirait les rôles et détrônerait la vapeur. Nous ne verrions les effets pratiques d’une nouvelle découverte, au sens propre du mot, que si l’on avait pu installer dans l’Exposition des expériences de télégraphie sans fil.

Voici pour pourtoute une section qui n’existait pas en 1889, tout un vaste hall empli par ces fières parvenues, la bicyclette et l’automobile. Elles déclarent à l’Exposition l’importance récente qu’elles ont prise dans la vie contemporaine. Nous voudrions pouvoir apprécier les progrès réalisés par ces engins alertes. Hélas ! la compétence nous fait défaut ; et s’il n’y avait que nous pour discerner les plus louables, nous serions capables