Page:Revue des Deux Mondes - 1900 - tome 162.djvu/637

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chose à désirer dans les pièces où l’amour paraît toujours le principal but, et où l’on ne trouve pas ces sentimens mâles et vertueux et cette grandeur romaine qu’on voit dans la plupart des pièces de Corneille et Racine et de quelques autres de nos poètes tragiques[1]. »

« Encore, ajoute avec raison M. Doumic[2], si Quinault était un peintre de la passion où seulement un poète de la tendresse ! L’art peut-profiter de ce que la morale condamne. Si même il avait célébré le plaisir ! Mais l’amour tel qu’il le comprend, toujours charmant et souriant, agréable jusque dans ses tourmens, délicieux dans ses émotions légères et à fleur d’âme, n’est que la galanterie la plus fade et la plus « dégoûtante. » Dans cette abondance de vers de mesure inégale et de médiocrité pareille où s’épanche la verve facile de l’auteur, il n’y a pas l’apparence d’un sentiment vrai. On a coutume, depuis le siècle dernier, d’en appeler de l’arrêt de Boileau, et de prononcer que, s’il faiblit dans le drame, Quinault a excellé dans le style lyrique. Je choisis à dessein un couplet auquel Voltaire ne craint pas de décerner l’épithète de sublime : c’est le chœur des suivans de Pluton dans Alceste. Le poète traduit à sa manière un des thèmes les plus riches de la poésie lyrique et l’un de ceux qui ont arraché au désespoir les cris les plus magnifiques : la nécessité de la mort inévitable.


Tout mortel doit ici paraître.
On ne peut naître
Que pour mourir.
De cent maux le trépas délivre.
Qui cherche à vivre
Cherche à souffrir.
Venez tous sur nos sombres bords :
Le repos qu’on désire
Ne tient son empire
Que dans le séjour des morts.
Chacun vient ici prendre place.
Sans cesse on y passe,
Jamais on n’en sort.


« C’est du lyrisme de mirliton…

« Peu importe d’ailleurs, puisque le musicien est chargé de

  1. Parnasse Français de Titon du Tillet article Quinault).
  2. Loc. cit.