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il m’a dit qu’il avait été très heureux de voir mon gouvernement s’associer à sa pensée d’une façon aussi satisfaisante et qu’un des premiers actes du cabinet, au lendemain du vote de confiance que lui avait donné la Chambre des députés, eût été de lui présenter deux candidats aussi recommandables que l’évêque de Poitiers et l’archevêque de Toulouse. Il serait heureux de les créer cardinaux dans la même promotion. Sa Sainteté me parla alors du ministre des Cultes, M. Bardoux, qui avait témoigné, d’après ce qui lui était revenu, de très bonnes dispositions pour cette négociation, du Maréchal et de M. Dufaure qui y avaient présidé ; et enfin du ministre des Affaires étrangères, dont Elle avait déjà apprécié, pendant qu’il était au Congrès de Berlin, l’attitude favorable aux intérêts catholiques. Le Saint-Père ajouta qu’il espérait bien que l’accord qui venait de se produire entre le Saint-Siège et le gouvernement de la République porterait en France ses fruits naturels et que les intérêts religieux continueraient à trouver chez nous dans les représentans du pouvoir la protection à laquelle ils avaient droit.

Les lettres que le maréchal de Mac-Mahon-adressa au Pape pour lui demander la nomination des deux nouveaux cardinaux français furent un des derniers actes et des meilleurs de sa carrière politique. La réponse du Saint-Père fut remise à M. Grévy, son successeur. Elle confirmait pleinement les assurances que Sa Sainteté m’avait données, et ce fut dans le Consistoire du 12 mai que les nouveaux cardinaux furent préconisés. J’y reviendrai tout à l’heure, lorsque j’aurai à faire connaître la composition de cette première liste de cardinaux, qui fit une certaine impression en Italie et dans le monde catholique, lorsqu’elle parut. Mais je tiens à faire connaître d’abord celle que produisit le départ du maréchal de Mac-Mahon, lorsque la nouvelle en parvint au Vatican.


II

J’eus l’occasion de le constater officiellement, quand j’eus à remettre au Souverain Pontife la lettre par laquelle M. Grévy lui notifiait son élection à la Présidence. Le Saint-Père me reçut avec sa bienveillance ; habituelle, le 27 février, et m’exprima l’espoir que le parti modéré en France, dans lequel il plaçait sans hésitation le président du nouveau cabinet, M.