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Collège, élevé à une dignité que celui-ci n’ambitionnait pas, mais méritait à tous égards.

Le Pape s’entretint longuement ensuite avec moi de la situation des Églises d’Orient, qui avait fait l’objet de sa dernière allocution. Il espérait que le gouvernement français continuerait à s’en occuper, et le nonce venait d’être chargé de recommander à l’attention toute spéciale de M. Waddington la protection de ces graves intérêts.

Le Saint-Père me parla ensuite de nos affaires religieuses, dont il paraissait très préoccupé, notamment du projet de loi sur l’enseignement supérieur que venait de présenter M. Jules Ferry. Sa Sainteté souhaitait vivement que, tout au moins, l’article 7 de ce projet pût être supprimé et que la liberté de l’enseignement chrétien ne reçût pas cette grave atteinte. Mais le Saint-Père, avec ce tact parfait et cette bienveillance qui le caractérisent, n’a pas cherché à s’appesantir vis-à-vis de moi sur ces difficultés, car on voit que son plus vif désir serait de maintenir avec la France les relations cordiales qui ont si heureusement existé jusqu’ici, et que rien ne vint modifier des rapports de mutuelle confiance, auxquels il me paraît attacher le plus grand prix. Je n’ai pas négligé cette occasion de lui dire avec quelle sympathie la France entière avait salué son avènement au pontificat et que les opinions les plus diverses s’accordaient dans un commun hommage de sympathie et de vénération pour son auguste personne. Le Saint-Père me parut touché de ces paroles. Il aime la France ; il en parle à chaque instant avec estime et sympathie. Il n’a aucun préjugé contre la forme actuelle de nos institutions et il en donne tous les jours des preuves manifestes. Rien ne serait donc plus cruel pour ce noble cœur et-cette grande intelligence chrétienne, que d’être un jour ou l’autre déçu dans la réalisation de ses légitimes espérances. Son avènement au pontificat a coïncidé avec une politique d’apaisement dont les effets commencent à se faire sentir dans le monde entier. C’est cette politique que l’on demandait au Saint-Siège d’appliquer depuis de longues années. Elle est aujourd’hui mise en pratique. Tous les esprits éclairés ne peuvent que lui rendre cet hommage, qui lui vient de partout et que lui apportent tous les échos autorisés de l’opinion de l’Europe et du monde.

Nous eûmes une nouvelle preuve de ces sentimens de