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épiscopaux que des hommes recommandables, mais, quelle que soit la confiance que Rome puisse avoir dans la clairvoyance d’un ministre quelconque, lui ou ses bureaux ne pourront que difficilement obtenir sur le compte des candidats à l’épiscopat certaines informations confidentielles de la nature la plus délicate et que le Nonce pourra, au contraire, comme évêque et représentant du Saint-Père, recueillir facilement et discrètement. Si l’on s’en tient au droit strict des deux côtés et que l’on ne cherche pas l’entente, le pouvoir civil sera quelquefois exposé à faire de mauvais choix, que le Pape ne pourra pas ratifier en conscience, comme cela a eu lieu trois ou quatre fois sous le dernier Empire. Ce sont des cas toujours très regrettables, qui laissent des diocèses vacans, comme on l’a vu pendant plusieurs années, lorsque le gouvernement ne croit pas pouvoir renoncer au choix qu’il a fait, et qui portent à la considération du candidat refusé par Rome une atteinte dont il a toujours la plus grande peine à se relever.

« Le Saint-Père croit donc que le mieux est de demeurer dans la voie où M. Thiers était entré, lorsqu’il arriva au pouvoir après la guerre de 1870, celle d’une entente toute confidentielle, et non avouée même, si on le désire, entre le ministère des Cultes et la nonciature, mais, en pratique, réelle. Le secret peut être facilement gardé entre deux personnes et un candidat retiré discrètement, sans aucun préjudice pour sa considération personnelle. Si quelque difficulté survient plus tard, comme nous l’avons vu dans quelques nominations, rien n’empêche alors de la porter à Rome et de la trancher directement entre l’ambassade et la secrétairerie d’Etat ; mais, si nous commençons par porter l’affaire à Rome, le Pape et la secrétairerie d’Etat, avec la meilleure volonté du monde, ne pourront jamais se prononcer (piaulant qu’ils auront déjà reçu des informations préalables. Ne connaissant pas habituellement les candidats à l’épiscopat, ils ne pourront nous répondre que pour la forme et ne le feront définitivement qu’après avoir reçu les rapports du Nonce. Pendant ce va-et-vient entre Paris et Rome, le secret nécessaire peut n’être pas gardé, comme on l’a vu quelquefois, et les candidats évincés ou soupçonnés de l’être peuvent en souffrir dans leur considération. Cette entente du gouvernement avec la nonciature n’affaiblit, du reste, en rien les droits du gouvernement, puisqu’il reste toujours le maître du choix de ses candidats ; mais elle empêche