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l’Angleterre aura dépensé pour l’armée et la marine, plus de 8 750 millions, à peu près ce que la guerre de 1870 a coûté à la France. Les revenus de l’Echiquier, estimés à 3 150 millions pour 1900-1901, ne dépassaient guère 2 550 millions en 1894-1895 ; ils ont donc augmenté de plus de 35 pour 100.

Au mois d’octobre 1899, c’est-à-dire au déduit de la guerre sud-africaine, le chancelier de l’Echiquier, sir Michael Hicks Beach, annonçait qu’elle coûterait de 250 à 275 millions de francs. En mars 1900, il prévoyait 1 100 millions. Certains statisticiens affirment qu’elle en a coûté jusqu’à 75 par semaine. C’est le calcul établi, il y a quelques mois, par M. A.-J. Wilson, qui comptait 25 millions pour la nourriture des hommes et des chevaux ; autant pour l’entretien et le renouvellement de l’équipement, de la chaussure, des munitions ; autant pour l’entretien et le renouvellement des armes, des moyens de transport, le service sanitaire et les dépenses imprévues qu’entraîne chaque jour le maintien sur pied de mobilisation d’une armée de 150 à 200 000 hommes, à 3 000 lieues de la métropole. Au mois de septembre 1900, le même écrivain, tenant compte de la réduction des effectifs en hommes et en chevaux, avait abaissé son évaluation à 50 millions par semaine, et ajoutait sarcastiquement que le prix d’un cadavre boer était tombé de 1 250 000 à 900 000 francs ; l’Economist anglais avançait le même chiffre au mois de mars 1900. Dans quelle mesure sera dépassée la prévision de 1 100 millions de francs pour les dépenses extraordinaires de l’armée, que sir Michael Hicks Beach formulait au mois de mars dernier ? c’est ce qu’il n’est pas encore possible de dire. Le fardeau paraîtra d’autant plus lourd au contribuable que les années précédentes avaient déjà été marquées par un accroissement énorme des dépenses militaires. Voici, en effet, un tableau que nous empruntons au moine Economist et qui montre la marche des huit budgets ayant précédé celui de la guerre, groupés en deux périodes :