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fortune publique, équivaut au prélèvement d’une contribution sur le pays. Cette politique ne paraît pas s’être suffisamment inspirée du principe de haute morale posé par Gladstone dans un discours demeuré à jamais célèbre, le jour où il soutenait que les ffais d’une guerre doivent être mis à la charge de la génération qui la déclarée et non pas rejetés sur un lointain avenir : car, disait-il, ces fardeaux qu’entraîne une entreprise belliqueuse sont le frein qu’il a plu à la Providence de mettre à l’insatiable ambition des peuples et des gouvernemens. Or. la part faite à l’emprunt au cours de la guerre actuelle a été large : il est vrai que les sommes demandées sous cette forme l’ont été au moyen de bons du Trésor ou de l’Echiquier à terme plus ou moins court, ou de titres de rentes remboursables à l’échéance de dix ans. Nous saurons plus tard si cette échéance sera respectée et si, dès le 5 avril 1910, les 750 millions de francs de rente 2 trois quarts émis en 1900 auront été amortis sans être remplacés par d’autres émissions de rentes.

Quoi qu’il en soit, voici quelles sommes ont été jusqu’ici empruntées pour la guerre : en octobre 1899, peu de jours après l’ouverture des hostilités, le chancelier de l’Echiquier se faisait autoriser par le Parlement à émettre 175 millions de francs en bons du Trésor. Il en émit ensuite pour 125 millions, En mars 1900, présentant son budget de 1900-1901 un mois plus tôt que ne l’exigeait la coutume, le chancelier prévoyait une dépense totale de 1 500 millions pour mener la campagne jusqu’au 30 septembre 1900, et proposait à la Chambre l’émission d’un emprunt de 750 millions de francs en 2 trois quarts pour 100, non convertible ni remboursable avant 1910. Quel chemin était déjà parcouru depuis le mois d’octobre précédent, alors que sir Michael Hicks Beach déclarait fièrement qu’aucune portion des dépenses de guerre ne serait couverte au moyen d’une création de dette consolidée et que toute la dette Ho liante devrait être remboursée en deux ans par l’impôt ! Pour achever de couvrir ses prévisions de dépenses de guerre, le chancelier faisait état de l’excédent de revenu de l’année 1899-1900, du produit des taxes nouvelles et des augmentations d’impôt (300 millions), enfin, des ressources provenant de la suppression des fonds d’amortissement.

D’autres créations de dette flottante devinrent nécessaires au cours de l’année 1900. Chaque mois, le gouvernement espérait que la fin des hostilités arriverait et qu’il pourrait liquider les