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certaines publications se font l’écho : M. L. L. Price, dès le mois de septembre 1900, écrivait dans l’Economic Journal : « Il est probable que la réalisation d’une union douanière impériale nous amènera à nous écarter de ce qu’on appelle communément du nom vague de principe du libre-échange, lequel implique l’absence de tout traitement différentiel et veut que le commerce suive ses voies naturelles, sans être ni contrarié ni aidé par une intervention gouvernementale se manifestant par des droits différentiels… L’absence de droits protecteurs d’un État à l’autre, aux États-Unis, équivaut à l’établissement du libre-échange sur une immense étendue. Il est de même possible que, grâce à l’organisation d’une union douanière pour l’Empire britannique, à l’intérieur des vastes limites de ce grand Empire, plus d’échanges s’opèrent librement qu’il ne s’en pratique en ce moment, sur une même surface du globe. Il n’est pas douteux toutefois qu’à côté de ce libre-échange intérieur, les marchandises étrangères subiraient des traitemens différentiels ou distinctifs d’une espèce, sinon d’une importance, analogue aux droits appliqués par les États-Unis aux objets d’importation. »

Les chiffres du commerce des dix premiers mois de 1900 que nous avons reproduits plus haut n’ont encore, il est vrai, rien d’alarmant : il ne faut pas oublier toutefois qu’ils sont singulièrement enflés par les hauts prix de beaucoup de matières premières, prix qui paraissent destinés à reculer dans un avenir plus ou moins prochain.

Telles sont les préoccupations commerciales ou industrielles. Au point de vue financier, l’accroissement des dettes locales est un point noir qui a été signalé à plusieurs reprises. Depuis le mois de juin 1875 jusqu’au 31 mars 1898, les dettes des corporations publiques, telles que comtés, municipalités, en Angleterre et dans le pays de Galles, ont augmenté de 4 250 millions de francs, soit environ 182 pour 100, par rapport au chiffre d’il y a vingt-cinq ans. Le total de ces dettes, à la date précitée de 1898, atteignait plus de 6 550 millions, et dépassait les deux cinquièmes de la Dette nationale. Il convient d’y ajouter 1 050 millions en Écosse et 275 en Irlande. Après la guerre sud-africaine, la somme des dettes nationale et locale sera vraisemblablement d’environ 25 milliards de francs.

A l’heure où disparaissent ainsi en partie les résultats si brillans de l’amortissement de la dette anglaise, nous avons le droit