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qui ne savait pas lire ; établissement de la liberté du commerce, de la presse et de la poste à bon marché, développement des moyens de transport, des industries du papier et de l’imprimerie. Tout cela lui était indispensable pour vivre et pour prospérer.

Aujourd’hui elle correspond en France à une dépense d’au moins cent millions de francs par an ; la vieille maxime : « A bon vin pas d’enseigne ! » n’est plus de mise. Bon gré, mal gré, tout vendeur est amené, pour répandre sa marchandise, à la faire connaître par cet organisme nouveau que les Américains appellent : la vapeur des affaires. Ceux à qui ferait horreur l’affiche brutale et aveuglante de la rue, et de tout ce qui dépend de la rue ou la prolonge ; qui répugneraient aux annonces plus discrètes des journaux, aux prospectus ou catalogues ; ceux qui prétendent en un mot ne pas recourir à la publicité, en font une détournée ou inconsciente, par le décor de leurs cartons d’emballage, de leurs voitures de livraison, de leur papier à lettres, par le soin de leurs étalages, par l’octroi gratuit de leurs produits à des personnes qui les font valoir, par le sacrifice qu’ils s’imposent pour figurer avec éclat aux grandes expositions. Tous cherchent à frapper l’acheteur et à le séduire.

Dans les cent millions, représentant à peu près le budget visible de la réclame, les journaux et périodiques de tout format et de toute nature, depuis les feuilles qui paraissent tous les jours jusqu’aux almanachs qui paraissent une fois l’an, figurent en bloc pour 40 millions de francs. Les circulaires et imprimés, expédiés à domicile par les soins de la poste ou d’agences privées, peuvent s’élever à 20 millions de francs ; les affiches, sur papier ou autres substances, imprimées ou peintes et apposées, tant sur les emplacemens publics ou réservés que dans les gares de chemin de fer, omnibus, bateaux, théâtres, kiosques et autres chalets, montent environ, timbre compris, à 25 millions de francs. Enfin l’on peut estimer à 15 millions les autres modes de lancement d’un article ou d’une maison, consistant en chromolithographies, calendriers, menus, boites d’allumettes, coupe-papiers, tableaux-annonces et objets innombrables, partout offerts à profusion.

Certaines publicités ne se payent pas en argent, mais en nature : les chemins de fer acquittent en permis de circulation les annonces qu’ils demandent à la presse. Loin d’être un cadeau