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exploitation a donné lieu. Un certain nombre de concurrens d’Auer prétendirent, non sans raison apparente, que son procédé n’était que le développement de ceux de Frankenstein. Tessié du Motay, Clamond, Edison, William Stocks, et qu’à cet égard, son brevet était caduc. Mais le moyen d’obtenir les manchons par imprégnation suivie de calcination et le choix quantitatif des matériaux dont ils sont composés furent considérés par les tribunaux comme suffisamment caractéristiques. Les tentatives de la plupart des imitateurs furent arrêtées, découragées ; les procès engagés par la Société Auer contre les sociétés rivales, Oberlé, Deselle-Gillet. Thomas. Henry, tournèrent le plus souvent à son profit, et elle put jouir jusqu’au bout des bénéfices de ses brevets.

Cependant quelques variantes de cet éclairage ont pu lui faire concurrence en Angleterre et en Amérique. Les terres rares ne sont pas les seuls agens d’incandescence. Les manchons formés avec certains métaux tels que le platine et l’alliage de platine et d’iridium fournissent une belle lumière. Leur inconvénient est de se détériorer : les fils métalliques ne résistent pas : ils se brisent, ils perdent leur pouvoir éclairant en peu de temps. En Angleterre, la Sunlight C° a employé, pour la confection des manchons, les oxydes des métaux communs, au lieu de ceux des métaux rares. L’alumine y remplace l’oxyde de thorium du bec Auer, et le chrome y tient le rôle du cérium. L’effet est excellent. L’appareil est moins fragile que celui d’Auer : il fournit une lumière très brillante, et il peut être régénéré par aspersion d’un sel de chrome. Ce système est le plus répandu de l’autre côté de la Manche.

En Amérique, c’est le système Fahnehjelm qui a prévalu. Le manchon ordinaire est remplacé ici par des peignes demi-circulaires formés de brins de magnésie : leur durée est relativement courte.


VI

Au début, on ne s’était pas beaucoup inquiété de l’explication théorique de l’éclairage par incandescence. On courait aux résultats pratiques. On constatait que certains corps avaient un pouvoir d’émission lumineuse considérable et supérieur à tels ou tels autres. Cela suffisait. Le moment vint cependant où il fallut se rendre compte des phénomènes, ne fut-ce que pour en poursuivre rationnellement le développement.

Un premier fait avait été aperçu dès le début. Les mélanges