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a péri, au point où se rapprochent ses grands fleuves, en combattant pour la contrée mère des eaux.


J’ai poursuivi mon excursion. Je n’avais pas visité toute la région des étangs et je voulais la parcourir tout entière. Reprenant chemin par Arnay-le-Duc qui forme, en somme, le centre de la grande cuve, je marchai vers Nolay, c’est-à-dire vers le sud-ouest, vers les vallées de la Saône et du Rhône.

À quelques kilomètres d’Arnay, on rencontre, de nouveau, les grands réservoirs qui sont généralement situés sur les contours de la cuve : c’est l’étang de la Candie, qui se perd dans une ceinture de marécages couverts de nénuphars et qui forme une masse d’eau de plus de soixante hectares ; c’est l’étang de Rouheys et l’étang du Bois des Rupts : de là, les eaux s’écoulent dans toutes les directions et les réservoirs, eux-mêmes, sont alimentés par les infiltrations des hauteurs environnantes. On monte peu à peu, les gradins du cirque par Antigny-la-Ville, Champignolles, Jours-en-Vaux. On longe la forêt de Saussey et l’on débouche sur Cussy-la-Colonne.

Ici, encore, la grande figure de Rome se dresse tout à coup. Sur le territoire du petit village ignoré, au cœur d’un étroit vallon, dans un champ nommé Précheraine, auprès d’une source suintant imperceptiblement parmi les pierres, se dresse isolée, élégante et fine, parmi la nature rustique, une colonne du galbe le plus pur, couronnée par un chapiteau corinthien.

Entourée d’une margelle de pierres, émergeant d’une frondaison robuste, elle est élevée sur un piédestal triangulaire ; un tambour octogonal la soutient. Là, sont sculptées, en relief, les figures des grands dieux protecteurs de Home, et en outre un captif et une femme. Le fût s’élance au-dessus ; sa hauteur est de dix mètres environ. La partie inférieure est palmée, la partie supérieure est polie. Le chapiteau actuel a été refait d’après l’ancien, lors d’une restauration sous Charles X. Parmi les feuilles d’acanthe, sont sculptés les visages et les attributs des divinités de l’Olympe : Jupiter et l’aigle, Mercure et le caducée, Apollon et la lyre, Junon et le paon.

Tout autour, la campagne est solitaire et nue. Aucune hauteur remarquable, aucun tumulus, aucun souvenir particulier ; un village insignifiant et sans passé. Non loin de là, il est vrai, un autre village porte le nom significatif de Saint-Romain. Mais