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peu de connaissance de notre langue qu’il étudie chaque, jour, c’est-à-dire fermeté, droiture et conciliation. Mgr Czacki, qui a, chaque semaine, son jour de travail avec le Saint-Père, est une des individualités les plus distinguées de la prélature romaine. Connaissant toutes les langues de l’Europe, qu’il parle également bien, d’une habileté consommée, il est l’âme de toute la politique extérieure du Saint-Père. C’est lui qui, au fond, d’accord avec le cardinal Franchi, dont il était l’ami intime, a inspiré tous les pourparlers avec l’Allemagne et qui est chargé directement par le Pape des négociations délicates que le Saint-Père ne croit pas pouvoir faire traiter officiellement par le cardinal secrétaire d’Etat. Ces deux hommes sont, dans les questions extérieures, chacun suivant son grade, les organes de la pensée du Saint-Père, et il est incontestable qu’elle ne peut être remise entre des mains plus sures et plus habiles. »

Au moment où j’écrivais ces lignes, j’avais, en effet entamé avec Mgr Czacki une négociation fort importante pour nos intérêts religieux et qui fut couronnée de succès. Il s’agissait d’obtenir pour deux de nos évêques le chapeau de cardinal et de porter à sept un nombre qui, depuis le commencement du siècle, n’avait jamais dépassé six pour la France. Les détails de cette négociation politico-religieuse pourront intéresser les personnes qui attachent quelque importance à voir l’influence française se manifester au dehors, aussi Lien dans les questions religieuses que dans les questions politiques. J’en parlerai dans un prochain article.


MARQUIS DE GABRIAC.