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l’importance de la place ; ils seront maintenus dans leur grade et employés en conséquence. »

Voilà pour les avantages assurés à Pichegru. Quant aux engagemens qu’il devra prendre en retour, Montgaillard, s’inspirant des instructions antérieures du prince de Condé, les stipule comme suit : « Le général fera proclamer par son armée Louis XVIII, roi de France et de Navarre, ainsi et de même que ses prédécesseurs l’ont été. Le général fera prêter par son armée serment d’obéissance, de soumission et de fidélité au roi Louis XVIII ; il effacera dans son armée et dans toutes les dépendances de son armée tout ce qui porte l’empreinte des trois couleurs, et lui donnera aussitôt la cocarde et le drapeau blanc.

« Au jour convenu pour celle opération, ainsi que pour la suivante, le général fera arborer le drapeau blanc à Strasbourg, Huningue et dans les principales villes d’Alsace. Les rives du Rhin, dans l’étendue de la ligne, retentiront des cris de : Vive le Roi ! Le général fera avertir au même instant le prince, et lui enverra un trompette, les yeux bandés, pour informer Son Altesse Royale que l’armée française a proclamé Louis XVIII, et pour l’inviter à se rallier à l’armée de la rive gauche du Rhin. Le général offrira et livrera au prince la ville d’Huningue (celle de Strasbourg, s’il est possible) pour sûreté et avec la liberté d’y établir un pont de bateaux.

« Le prince fera proposer de la part du général et proposera lui-même sur-le-champ aux généraux autrichiens depuis Basle jusqu’à Mayence un armistice jusqu’à l’arrivée de Louis XVIII, à qui il sera envoyé sur-le-champ un courrier, ainsi qu’à toutes les puissances belligérantes. Le général fera descendre, si cela lui est possible (comme on le pense), des pontons pour le passage du Rhin par l’armée du prince. On prendra de part et d’autre les mesures nécessaires pour que les troupes coalisées ne passent point le Rhin. Le prince prendra ses mesures pour faire exécuter le passage à son armée dans un espace de temps très court, et même malgré l’opposition des coalisés, quoiqu’on ne présume pas qu’elle ait lieu. Le passage s’exécutera à l’arrivée du Roi, ou de suite, si le général le juge nécessaire. Le général purgera son armée de tout ce qu’il pourra y connaître de jacobins et d’anarchistes. Tous les emplois qui se trouveront vacans au moment de l’exécution du projet seront réservés au prince, et la nomination en sera faite par lui. Le général dirigera et exécutera