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Meklembourg, et le mariage vient d’avoir lieu au milieu de l’enthousiasme et de l’espérance de tout un peuple. Dans ce pays où le loyalisme est resté intact, la reine est aimée pour elle-même, pour sa jeunesse, pour sa bonne grâce, pour ce que sa situation a d’exceptionnel et même d’unique sur tous les trônes de l’Europe. On a rappelé le mariage de la reine Victoria à propos du sien, et, en ce moment surtout, ce rapprochement devait se présenter à tous les esprits. Comme la reine Victoria, la reine Wilhelmine a choisi elle-même son mari parmi les princes allemands, sans écouter d’autre conseil que celui de son cœur : elle a suivi son inclination. Le scepticisme qui se dégage de l’histoire nous a appris à ne plus attacher, en pareil cas, beaucoup d’importance politique au choix de tel prince de préférence à tel autre : la jeune reine a certainement bien fait de se déterminer par des considérations toutes personnelles. L’exemple de la reine d’Angleterre était fait pour lui servir d’encouragement, de même que celui du prince Albert peut fournir un modèle au prince Henri. Les Hollandais sont jaloux de leur indépendance : ils seraient même ombrageux, s’ils croyaient que la moindre atteinte pût y être portée, mais certainement cela n’arrivera pas. La reine Emma est récompensée aujourd’hui des soins qu’elle a pris de sa fille. Après une régence heureuse, voilà un règne qui commence sous les auspices les plus favorables. Quant à nous, nous faisons des vœux sincères pour le bonheur du nouveau couple royal, et pour la prospérité d’un pays auquel nous rattachent tant d’intérêts communs.


FRANCIS CHARMES.

Le Directeur-Gérant, F. BRUNETIERE.