Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 2.djvu/108

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

atmosphère de constante sollicitude, devient fatalement égoïste. Jamais il ne Ta été plus qu’aujourd’hui, bien que l’altruisme soit en principe la clef de voûte de l’éducation moderne. À qui la faute ? Aux parens qui s’occupent trop de lui ou plutôt qui s’en occupent mal. Ils peuvent éviter ce danger en allant jusqu’au bout du conseil de Frœbel : élever l’homme futur en harmonie avec Dieu, fortifier autant que possible l’impulsion religieuse chez ce jeune être humain. C’est la base même des vraies méthodes du Kindergarten, l’éducation fondée sur les actes. Cette idée du jardin de l’enfance est juste et charmante : le jardinier surveille les plantes sans doute, mais il les laisse croître selon les lois de la nature, et se garde d’arracher à tout moment l’arbuste pour voir où en sont les racines. De même le maître ne cherchera pas « à faire quelque chose de son élève, » mais simplement à protéger l’expansion du caractère original. Le Kindergarten, avec ses occupations variées, a ce mérite incomparable d’être fondé sur les lois mêmes de la nature de l’enfant, lois scrupuleusement observées dans l’organisation des jeux, qui sont des leçons, et des leçons qui représentent autant de jeux. Toutes les activités physiques et intellectuelles du polit être trouvent l’occasion de s’y manifester. Et Frœbel a remis cette culture première de la tendre plante humaine tout spécialement aux mains de la femme. Sans elle, dit-il, l’éducation ne peut avoir une base naturelle et saine. Le Kindergarten était donc à ses yeux l’éducation de la femme autant que celle de l’enfant ; leurs deux vies s’appartiennent l’une à l’autre, elles sont inséparables. En élevant l’enfant, ce pédagogue génial émancipa la mère, prenant à tache d’éclairer l’instinct sacré de la maternité, d’en faire une science. On sait les progrès merveilleux qu’a, depuis une trentaine d’années, accomplis l’éducation du peuple partout où prévaut la méthode de Frœbel ; il serait à souhaiter que cette méthode fût toujours et, pour toutes les classes un prélude aux études primaires proprement dites.

L’idée de Kindergarten gratuits où l’éducation des parens se poursuivrait en même temps que celle des enfans est suggérée par le Congrès ; les mères, qui peuvent manquer de lumières, venant assister au développement graduel de leurs enfans, se rendraient compte des moyens d’action employés sur eux. Les jeunes filles feraient, elles aussi, leur apprentissage maternel ; parens et maîtres entreraient dans la communion désirable. Elever les mères pour que les enfans soient bien élevés à leur four, n’est-ce pas le