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Angleterre à la préparation d’un professeur, au dressage d’un cheval et à rentrai ne ment d’un jockey, est intraduisible en français, parce qu’il ne représente rien de ce que nous avons en France. Pour nous, dit Mme Marion, ce training du futur professeur m ; se compose pas des différens procédés par lesquels les élèves s’instruisent sur des points techniques… Ce que nous appelons ainsi, c’est le but supérieur de toute étude, le pli donné à l’esprit, non pas pour le plaisir d’apprendre en lui-même ou la seule recherche de la science, mais avec la pensée constante de guider et de former un jeune esprit, le dressage moral, si vous voulez, opposé au dressage technique.

Avec beaucoup de tact, Mme Marion a démontré, sans comparaison désobligeante, que le système de l’éducation des filles en France repose surtout sur la nécessité de les laisser dans l’atmosphère de la famille où elles sont initiées tout naturellement aux devoirs et aux occupations de la vie, d’une vie de femme sérieuse et utile. Elle a donné de l’Ecole de Sèvres, sur laquelle son influence doit certes être des meilleures, une idée très haute en exposant combien y est développé avant tout le sentiment de la responsabilité, l’habitude de penser d’une façon personnelle et indépendante. L’éducation de ces jeunes filles qui se destinent à renseignement ne s’accomplit pas par des leçons, mais dans tous les actes de la vie, conversations et amusemens compris. En repoussant avec énergie le préjugé trop répandu sur l’indifférence ou même l’hostilité que rencontrent dans nos écoles les questions religieuses, Mme Marion a non seulement édifié les étrangères sur un point capital, mais rassuré beaucoup d’entre nous qui avions besoin d’entendre ses affirmations formelles sur l’esprit de tolérance régnant à l’Ecole de Sèvres, tolérance étroitement liée à une fermeté de principes qui n’exclut pas d’ailleurs le respect de l’opinion d’autrui.


V. — DROITS POLITIQUES

Mais les droits de la femme proprement dits, droits civils, droits politiques ?… Eh bien ! il résulte des rapports du Congrès que les incapacités civiles qui, la plupart du temps, faisaient d’elle une mineure sont en train de disparaître. Avant que la loi de 1870 lui assurât ses gains professionnels, la femme anglaise avait les mains liées autant qu’aucune autre, et déjà elle est arrivée à