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possessions de l’Indo-Chine devaient rester infructueuses. L’administration forestière a vainement fouillé le pays : M. Seligmann-Lui, M. Serullas, M. Langlebert n’ont pas été plus heureux. On n’a trouvé nulle part le guttier de Hooker ni même aucune des bonnes espèces de Palaquium ou de Payena des Indes néerlandaises.

Et, en effet, à défaut des bons guttiers, le gouvernement colonial se rejette sur un mauvais, dont il se propose d’améliorer le produit. Cet arbre, le Palaquium Krantzianum ou Dichopsis Krantziana, a l’avantage de croître spontanément dans la province cambodgienne de Kampot, dans l’île de Phu-qûoc et dans certaines régions montagneuses de la Cochinchine. M. L. Pierre l’avait signalé comme la seule espèce indigène dont le produit se rapproche plus ou moins de la gutta-percha. C’est un grand arbre que les Cambodgiens appellent théor, dont les feuilles, comme celles de certains caoutchoutiers, sont rassemblées en bouquet au sommet des rameaux. Son suc laiteux fournit une gutta mélangée d’une trop grande quantité de résine pour pouvoir être utilisée dans l’industrie électrique. L’administration a fait étudier un moyen d’écarter cette impureté. Un traitement convenable, qui peut être appliqué sans grands frais, débarrasse la gomme de la résine et fournit une masse qui renferme jusqu’ici 82 pour 100 de gutta. Un rapport officiel du 12 mars 1809 annonce que ce produit va être soumis à l’épreuve ; on l’emploiera à constituer une âme de câble sous-marin d’un kilomètre de longueur.


A défaut de bonnes espèces naturelles, croissant spontanément dans nos possessions, on devait penser à l’acclimatement des espèces malaises transplantées. Cet acclimatement est difficile. Les guttiers véritables présentent des conditions d’existence très étroites. Lorsqu’elles sont exactement réalisées, ils poussent très vigoureusement ; si elles ne le sont que d’une manière approximative. Ils végètent et périssent. En fait, ils sont distribués le long de l’équateur thermique. Ils y rencontrent une température, à peu près invariable, de 27° à 28°. La température moyenne de la Cochinchine, qui est de 22°, est déjà trop basse pour eux et ses oscillations sont trop fortes. Ces exigences, si particulières, on n’en a pas tenu assez de compte. On a transplanté les guttiers à peu près partout. Ils ont péri, presque tous.