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Il y a de nombreux vaisseaux laticifères dans la feuille : il y en a dans le bois, dans la moelle et dans les branches. Le vieux bois sec contient de 9 à 10 pour 100 de gutta : les bourgeons et les feuilles en donnent autant. MM. Jungfleisch et Serullas ont indiqué un moyen industriel de l’extraire. Il faut broyer et pulvériser les fragmens séchés et les traiter par le toluène, qui dissout la gutta-percha. On sépare la solution d’avec les matériaux solides et, pour récupérer le toluène, on fait passer, dans cette bouillie fluide, de la vapeur d’eau à 100° qui entraîne le dissolvant. On peut aussi précipiter la gutta par l’acétone. Un arbre de trente ans fournirait 10 kilos de feuilles sèches, et par suite un kilo de gutta, « alors que l’arbre abattu en donne à peine 265 grammes. » La récolte des feuilles se fait en grand à, Sumatra et à Bornéo. Les feuilles sont expédiées sèches en Europe, et traitées dans les usines de Bruxelles, d’Orléans et d’Asnières.

Le procédé Obach et le procédé Siemens consistent à dissoudre la gomme dans l’éther de pétrole et à la précipiter par refroidissement.

Dès à présent, dans les plantations prospères de Buitenzorg, les Hollandais ont commencé de substituer la saignée à l’abatage. Des incisions, ménagées de distance en distance, permettent d’obtenir les deux tiers de la récolte que fournirait l’arbre abattu. Et cela sans nuire à la vitalité de la plante. L’arbre saigné fleurit dans l’année même.


VIII

La gutta-percha a des succédanés. À défaut des véritables guttiers, dont la propagation, en dehors de l’archipel Malais, est incertaine, on a essayé de tirer parti d’autres plantes de la même famille, qui fournissent un produit un peu différent, mais qui peut remplacer celui-ci dans quelques-uns de ses usages.

La gomme balata est fournie par des arbres, les mimusops, qui croissent spontanément dans les Guyanes anglaise et hollandaise, le Brésil, le Venezuela, et dans certaines des îles Antilles : la Trinité, Saint-Domingue, la Jamaïque. Ils sont très répandus aussi dans la Guyane française, où ils constituent l’une des grandes essences forestières. M. Geoffroy, envoyé en mission en 1890, pour en faire la recherche dans notre possession, les a