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REVUE MUSICALE


THEATRE DE L’OPERA : Astarté, opéra en quatre actes et cinq tableaux ; poème de M. Louis de Gramont, musique de M. Xavier Leroux. — THEATRE DE L’OPERA-COMIQUE : La Fille de Tabarin, comédie lyrique en trois actes ; paroles de MM. Victorien Sardou et Paul Ferrier, musique de M. Gabriel Pierné. — LES CONCERTS : Le Faust de Schumann au Châtelet ; Armide au Conservatoire ; M. Weingartner.


Jamais l’épreuve annuelle, — le « grand ouvrage » en quatre ou cinq actes qu’on impose, paraît-il, à l’Opéra, et que l’Opéra nous impose, — jamais cette épreuve ne fut plus rude. La Dame de Montsoreau, Hellé, la Montagne Noire, Messidor, la Burgonde et Lancelot n’avaient rien de plus fâcheux qu’Astarté. D’autres opéras, parmi ceux-là mêmes, furent plus faibles, ou plus pauvres ; aucun n’atteignit à cette longueur, à cette lourdeur non plus. Aucun, pendant plus de quatre heures, ne pesa sur nous de ce poids que Gounod appelait un jour le poids insupportable du vide.

Le premier acte a suffi pour nous terrasser. Par l’excès, par la continuité du fracas et de la violence, il est intolérable même physiquement. On y trouve, poussés au paroxysme, les élémens, innombrables aujourd’hui, non pas de la sonorité, car rien de tout cela ne sonne, mais du bruit : les voix d’abord, qui hurlent, glapissent ou râlent ; au-dessus des voix, ou au-dessous, l’orchestre entier, raclant toutes ses cordes jusqu’à les rompre, et soufflant, à les crever, dans tous ses « cuivres » et tous ses « bois. »

Et cela, — le premier acte du moins, car, si vous le permettez, nous n’irons pas plus avant, — cela se passe en Grèce. Cela se joue et se chante sur les rivages divins où l’air est léger et l’art sobre ; où les nuances sont fines, où les contours sont purs. Car cela, c’est l’antique fable d’Hercule, de Déjanire et d’Omphale ; mais écrasée par la