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plus légers pour que la densité de l’ensemble fût voisine de l’unité. L’envergure des surfaces de sustentation, en soie et légèrement courbées, était de 4m,27 ; la longueur de l’aéroplane dépassait 4m,50. Une machine à vapeur très légère, d’une puissance approximative d’un cheval, actionnait deux hélices de 1m,22 de diamètre, tournant à raison de 1 000 tours par minute, placées l’une à l’avant, l’autre à l’arrière du corps de l’appareil. Le combustible était de la gazoline, transformée en gaz avant sa combustion. Le poids total de la machine, y compris celui du combustible et de l’eau, était de 13,6 kilogrammes.

Lancé d’une hauteur de huit mètres au-dessus du Potomac, cet aéroplane put, sous la seule impulsion de son moteur, marcher contre le vent, s’élevant lentement et sans secousses. Décrivant de grandes courbes en s’approchant d’un promontoire voisin et boisé, qu’il franchit néanmoins, il passa sans encombre au-dessus des arbres les plus élevés et descendit lentement, de l’autre côté de ce promontoire, à 276 mètres de distance du point de départ, au bout d’une minute trois secondes, après avoir parcouru dans sa course une longueur totale de 900 mètres environ.

Quant à l’aéroplane de V. Tatin et Ch. Richet, il consistait essentiellement en une carcasse de bois de sapin munie d’une queue et de deux ailes fixes, de 8 mètres carrés de surface et d’une envergure de 6m,60. Le moteur était encore une petite machine à vapeur d’une puissance de 4/3 de cheval, actionnant deux hélices placées l’une à l’avant, l’autre à l’arrière du corps de l’appareil, hélices qui tournaient en sens inverse l’une de l’autre. Tout l’aéroplane ne pesait pas plus de 33 kilogrammes, y compris les quantités d’eau et de charbon nécessaires pour une course de 5 kilomètres.

Il n’alla pas si loin ! Lancé du haut d’une falaise avec une vitesse horizontale de 18 mètres par seconde, vitesse qu’on obtenait en le faisant descendre le long d’une piste convenablement inclinée, en même temps qu’on actionnait les hélices, ce volateur a pu, en juin 1897, sous un angle d’attaque de 2 à 3 degrés, parcourir dans l’air, en ligne horizontale, 140 mètres, mais jamais plus. Il était, évidemment, mal équilibré.

Gardons-nous d’ailleurs de conclure, après cet exposé, à la supériorité des aéroplanes Langley ou Tatin sur les machines volantes de Maxim et d’Ader. Il y a, dit avec raison R. Soreau,