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raisons ; il a couvert de faveurs, de grades, de décorations et d’argent ses anciens compagnons d’armes qui ont fait campagne avec lui. Son entrée dans le cabinet n’annonce donc pas précisément des économies à la Guerre, non plus qu’à la Marine, car ici et là les exigences sont les mêmes.

Quoi qu’il en soit, le ministère est fait ; il ne lui reste plus qu’à se faire une majorité, et ce n’est pas ce qui l’embarrasse le plus. M. Moret, qui détient le portefeuille de l’Intérieur, sait comment il faut faire les élections en Espagne. Le ministère aura donc, à peu de chose près, la majorité qu’il voudra : c’est une des conditions indispensables pour vivre, mais c’est aussi la plus facile à remplir, et il y en a d’autres qui lui donneront plus de difficultés. La grande expérience, jointe à l’esprit fin et avisé de M. Sagasta, en viendra probablement à bout, et nous le souhaitons sincèrement. Nous n’avons pas à entrer dans les affaires intérieures de l’Espagne. Que ce soit le parti conservateur ou le parti libéral qui soit au pouvoir, nous avons toujours eu, depuis de longues années déjà, les meilleurs rapports avec l’un et avec l’autre, et la présence du duc de Almodovar au ministère des Affaires étrangères, qu’il a déjà occupé, nous confirme dans l’espérance qu’il en sera toujours ainsi. Le roi sera majeur l’année prochaine : raison de plus pour faire une trêve entre tous les partis constitutionnels, et cette circonstance sera probablement de nature à faciliter la tâche que M. Sagasta, devant la retraite des conservateurs, a courageusement assumée.


FRANCIS CHARMES.