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influence, en un certain nombre de groupemens plus simples. La difficulté est de retirer de cet amas de matériaux de démolition chaque partie et de la reconnaître. En réunissant, par la pensée, ces différens fragmens, on reconstitue l’édifice initial.

Ce mode de démolition est certainement trop violent, car l’opération de Schützenberger donne des morceaux très fins, des petites molécules d’hydrogène libre, d’ammoniaque, d’acides carbonique, acétique, oxalique, qui accusent un émiettement excessif. Ces produits représentent environ un quart de la masse totale. — Les trois autres quarts sont formés de plus gros fragmens dont l’examen est plus instructif. Ils appartiennent à quatre groupemens. Le premier comprend cinq ou six corps, acides amidés ou leucines : il manifeste l’existence dans la molécule d’albumine de composés de la série grasse, c’est-à-dire disposés en chaîne ouverte. — Le deuxième groupe est formé par la tyrosine et des produits voisins, c’est-à-dire par des corps de la série aromatique, qui obligent à admettre la présence, dans la molécule d’albumine, d’un noyau benzénique. Un troisième groupe appartient au noyau que les chimistes connaissent sous le nom de Pyrrol. Le quatrième comprend des corps tels que les glucoprotéines qui se rattachent aux sucres ou aux hydrates de carbone.

Le fait que la molécule d’albumine se détruit en produisant tous ces composés, implique-t-il l’idée qu’ils y préexistent en réalité ? les chimistes ont une tendance à l’admettre. Ils se représentent l’architecture de la molécule d’albumine par le rapprochement de ces quatre groupemens : gras, aromatique, pyridique et sucré, sans compter quelques autres annexes. M. Duclaux ne considère pas que cette conclusion soit absolument légitime. Il n’y aurait qu’un moyen de la justifier : ce serait de reconstituer, par le rapprochement des fragmens, l’albumine originelle. On n’en est pas encore là. L’ère des synthèses de ce genre n’est pas encore ouverte.


VII

M. Kossel a abordé le problème d’une autre manière. Il n’a pas voulu s’attaquer à l’albumine d’œuf qui est un mélange, complexe comme les besoins de l’embryon naissant dont il forme l’aliment. Il a cherché un albuminoïde physiologiquement plus simple ; il l’a demandé à un élément anatomique n’ayant aucun rôle nutritif, d’une organisation et d’un fonctionnement physiologique très élémentaires, et cependant d’une vitalité énergique, la cellule génératrice mâle. Au