Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 2.djvu/727

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LA CONQUÊTE DE PARIS
PAR
BONAPARTE
(1799-1800)

I
APRÈS BRUMAIRE


I

Le lendemain du 19 brumaire était un décadi, c’est-à-dire un dimanche républicain. Vers la fin de la nuit, Bonaparte était rentré chez lui rue Chantereine, après la journée orageuse et convulsée de Saint-Cloud, d’où il revenait pourtant vainqueur, s’étant fait nommer Consul provisoire avec Sieyès et Roger-Ducos, et s’étant débarrassé des Conseils. A dix heures du matin, il sortit en voiture, escorté seulement de sept dragons, pour rejoindre ses collègues au Luxembourg et installer le nouveau gouvernement. La veille, le bruit s’était répandu qu’il avait failli périr sous les coups des députés jacobins et qu’il avait même reçu une blessure au visage. On fut heureux de le revoir vivant et actif ; « on l’a vu avec plaisir traverser la ville en voiture, » dit un journal[1] ; il n’est pas question d’autre ovation. Au

  1. Toutes les citations dont nous n’indiquons pas la source sont tirées des journaux parisiens de l’époque.