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ceux du Witwatersrand ; elle commence aussi, timidement, à créer des centres de colonisation blanche, et l’on peut prévoir que c’est dans cette voie, plutôt que dans la vainc poursuite d’un nouvel Eldorado, qu’elle trouvera les élémens d’une prospérité durable.

C’est aussi une compagnie privilégiée, celle du Zambèze, qui a obtenu la concession des riches districts qui bordent le cours du grand et presque inutile fleuve de l’Afrique australe. Mais la plus grande partie du vaste district du Zambèze est divisée en prazos : on appelle ainsi de vastes territoires concédés à bail, pour une durée de dix à vingt-cinq ans, à des compagnies ou à des particuliers qui, moyennant une redevance calculée sur le nombre des habitans indigènes, exercent, pourvu qu’ils soient sujets portugais, tous les droits régaliens et assument toutes les charges de l’administration, sous le haut contrôle de l’inspection générale des prazos de la couronne[1]. Le concessionnaire d’un prazo est tenu de le mettre en culture, d’y construire ou d’y entretenir les voies de communication en se servant des corvées indigènes, d’y ouvrir une école si sa concession renferme plus de 2 000 habitans. En échange de ces lourdes obligations, les locataires jouissent de privilèges étendus : ils ont le monopole du commerce sur leur prazo et les indigènes sont tenus de s’adresser à eux pour tout ce qu’ils veulent acheter ou vendre. Ainsi tout le trafic est entre les mêmes mains, et il va sans dire que ce système, s’il enrichit les Portugais, est l’objet des plaintes générales des négocians étrangers, et surtout anglais, qui ne trouvent pas à placer leurs pacotilles et qui, au nom du free trade, réclament l’abolition de ces pratiques peut-être nécessaires pour abriter les débuts d’une colonisation agricole.

Dans les districts du cap Delgado et de Mozambique, entre le delta du Zambèze, le lac Nyassa et le Rovouma, la colonisation portugaise est encore moins avancée que dans le pays de Gaza ; une grande partie du trafic avec les indigènes est entre les mains de Banians venus de Diu ou de l’Inde anglaise, ou d’Arabes de Zanzibar. La Compagnie du Nyassa, constituée sous les auspices du gouvernement de Lisbonne et sous le contrôle

  1. Le système des prazos, que les Portugais ont jadis emprunté aux anciens sultans maures, a été réorganisé par un décret du 18 novembre 1890, mis en vigueur le 30 septembre 1892. — Voyez Vasconcellos, ouv. cité, p. 260 et suiv., et le Rapport du Consul anglais à Quelimani pour 1899 (Annual Series, no 2399).