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tuberculeuse où nous vivons, fait rarement défaut là où se rencontre un terrain propice à son développement.

Mais, nous l’avons vu également, l’organisme atteint ne succombe pas sans lutte : les tissus envahis réagissent par la sclérose péri-tuberculeuse qui tend à enkyster les colonies bacillaires et à les étouffer, et nombreux sont les cas où des tubercules silencieusement développés se sont cicatrisés sans bruit, comme en font foi les autopsies. Dans les hospices de vieillards, les tubercules guéris se retrouvent dans les poumons de quarante pour cent des sujets morts d’apoplexie, de pneumonie ou d’autres affections accidentelles, sans qu’on ait relevé dans leurs antécédens autre chose que des bronchites banales.

Si donc, au début de la maladie, quand les lésions sont circonscrites et purement locales, quanti les organes nobles sont encore intacts, quand les toxines tuberculeuses n’ont pas encore imprégné l’économie, la thérapeutique intervient pour placer le malade dans des conditions hygiéniques qui lui permettent de remonter ses forces, de restaurer son activité nerveuse, de refaire des globules sanguins, de retrouver, avec l’appétit et le pouvoir digestif, la faculté d’emmagasiner des réserves dans ses tissus, il y aura de grandes probabilités pour que l’activité format ive des cellules organiques reprenne l’avantage sur l’activité destructive du parasite tuberculeux, et pour que la sclérose providentielle vienne enfermer les bacilles et les rendre inoffensifs.

C’est là ce qu’un médecin de génie, Brehmer, a réalisé dès l’année 1854 dans son célèbre établissement de Gœrbersdorf en Silésie, où, le premier, il s’est mis à traiter systématiquement les tuberculeux comme on traite aujourd’hui les neurasthéniques, par le repos physique et moral, par l’aération continue et par la suralimentation. Grâce à ses soins minutieux, à sa persévérance, et aussi à la stricte discipline qu’il savait imposer à ses malades, Brehmer obtint des succès éclatans et montra que, dans la première période de la tuberculose pulmonaire, très peu de cas sont réfractaires au traitement, la plupart pouvant être guéris si on les soigne pendant le temps nécessaire.

Dettweiler, à Falkenstein dans le Taunus, a développé la méthode de Brehmer en y ajoutant l’entraînement musculaire graduel et l’endurcissement de la peau par l’hydrothérapie. En même temps il s’appliquait à rendre impossible toute contamination des malades entre eux ; à cet effet, il faisait régner dans