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et non des moindres, comme Marié Davy, la soutenaient encore il y a vingt ans. Supposez que des gouttes de pluie tombant dans l’atmosphère se transforment d’abord en grains de grésil : pour cela, il suffit que le hasard les fasse descendre d’une zone supérieure relativement chaude dans une couche inférieure beaucoup plus froide qui déterminera la congélation. La plupart du temps, le grain de grésil se liquéfiera de nouveau par la traversée ultérieure d’une couche basse attiédie, et la terre ne recevra que de l’eau. Mais concevons qu’au moment du passage dans la zone froide, le grain de grésil se trouve placé entre deux nuages électrisés en sens contraire, soit placés l’un en face de l’autre à la même hauteur, soit flottant sur la même verticale à des niveaux différens. Le futur grêlon sera attiré par le premier nuage, puis repoussé ; il reviendra choquer le second, sera repoussé sur le premier et ainsi de suite... Pendant ce va-et-vient, il se « nourrira » dans l’air froid en réunissant à sa surface les cristaux de glace microscopiques qui flottent dans l’air ou ceux qui constituent les nuages. A force de grossir, il deviendra trop lourd pour que les influences électriques puissent balancer la pesanteur et il se précipitera, désormais assez gros pour ne pas éprouver de fusion dans son passage très rapide à travers la couche tiède en contact avec le sol. D’ailleurs, la circulation ininterrompue des grêlons provoque la décharge mutuelle des deux nuages, à la façon d’un conduit réunissant deux réservoirs d’eau de niveaux différens : l’un baisse et l’autre monte jusqu’à équilibre. La plupart de nos lecteurs n’ignorent point que Volta imagina, à l’appui de son hypothèse, une assez jolie expérience, propre à amuser les jeunes débutans qui commencent l’étude de l’électricité. On fait communiquer les deux pôles d’une machine en activité, l’un avec une boule métallique, l’autre avec un plateau de cuivre sur lequel reposent plusieurs balles légères en moelle de sureau. La boule domine le plateau d’une certaine hauteur, et les deux pièces sont isolées rigoureusement. On voit aussitôt les balles s’élancer vers la sphère supérieure (qu’on peut d’ailleurs remplacer par un second plateau), la heurter, retomber pour rebondir de nouveau, et ainsi de suite indéfiniment tant que la machine fonctionne. Si l’on cesse de tourner, le phénomène s’interrompt de lui-même au bout d’un certain temps, et on constate que les deux pièces de l’appareil sont, ainsi que les balles, revenues à l’état neutre. Ces