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poudre de guerre, supposée livrée au rabais, reviendront à 1 franc, y compris la dépense de bourres et des capsules. Que sont les débours de cet ordre à côté des dégâts causés par la grêle et des frais d’assurance ?

Naturellement, le prix du canon constitue l’article le plus important ; le type adopté à Denicé et livré par M. Vermorel, de Villefranche, coûte 120 francs ; puis viennent : la cabane, qui entraîne 60 francs de dépense (50 francs de matériaux et 10 francs de pose), 20 douilles de métal, 40 francs, et 10 francs d’accessoires de tir : total 230 francs, qui devront être amortis, avec un climat tel que celui de Denicé, en huit années ; soit par an 30 francs environ. Quant aux frais d’exercice, il faut compter 48 francs de poudre (en admettant que, par suite du refus du ministère de livrer de la poudre de guerre à prix réduit, l’agriculteur soit forcé d’acheter de la poudre de mine au taux ordinaire), 12 francs de capsules, bourres et frais d’entretien. Il n’est que juste d’ajouter encore 12 francs par an pour la prime d’assurance de l’artilleur contre les accidens pouvant survenir. En réunissant les deux catégories de frais, on arrive à une centaine de francs par an pour 25 hectares, soit 4 francs par hectare au plus.

Venons-en aux essais d’explication. On se demande quel effet une détonation à blanc, si forte qu’elle soit, peut produire sur des nuages grandinigènes. Observons qu’il importe bien peu de savoir ce qui se passe avec un canon ordinaire, pour un tir horizontal ou peu incliné ; dans ce cas, en effet, il y a une dissymétrie notoire. D’un côté, l’ébranlement produit peut se propager librement ; de l’autre, il est arrêté par le sol ou entravé par les mille obstacles divers qui en hérissent la surface. Si, au contraire, la pièce est braquée au zénith, la poussée verticale rencontre partout une résistance identique.

D’après un spécialiste, M. Houdaille, qui résume dans son ouvrage en cours de publication tous les travaux antérieurs ainsi que le résultat de ses propres études, lorsqu’on tire un coup de canon agricole, on aperçoit un jet de flammes ou de fumée en même temps que retentit le fracas de l’explosion, puis on perçoit le bruit d’un sifflement caractéristique, analogue, dit M. Houdaille, au bruit de la glace qui se rompt sous les pieds d’un patineur. Ce bruit se prolonge durant 15 ou 20 secondes en décroissant insensiblement ; il résulte du déplacement vertical d’un projectile gazeux, « le tore, » qui prend naissance dans le pavillon. Pour se