Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 3.djvu/440

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fait, en signalant deux coïncidences irréfutables. D’abord, au plus fort du combat, les munitions avaient fait défaut à plusieurs postes correspondant à la zone ravagée ; puis l’inondation avait renversé la cabane-abri d’un canon voisin.

Jamais, au grand jamais, l’artillerie agricole ne préservera de la grêle en tous temps, en tous lieux, par tous les orages, et il faudra compter avec l’imprévu, les imperfections, les accidens, les retards. Même en améliorant le matériel de tir, en installant un réseau protecteur avec toute l’intelligence possible, en obtenant des canonniers un concours aussi dévoué qu’habile et unanime, dans aucun cas on ne sera certain de la victoire et il restera un terrible alea. Mais, en somme, se préserver partiellement est déjà un beau résultat ; et quelle séduisante économie par rapport aux énormes frais d’assurances ! On a donc eu bien raison d’essayer ce bruyant remède à Denicé, et dans d’autres localités comme Saint-Gengoux (Saône-et-Loire), mais ce n’est qu’au bout de plusieurs années d’expériences réalisées dans les conditions les plus favorables qu’on pourra connaître enfin le « coefficient de protection, » c’est-à-dire le rapport de la quotité préservée aux dégâts éventuels. Quand même il ne serait que de 50 pour 100, il aurait toujours l’avantage de permettre une association très fructueuse entre les syndiqués et les Compagnies d’assurances contre la grêle. Cela se pratique déjà en Italie. Des tentatives très sérieuses doivent pour cela être entreprises sur les divers points de notre territoire français les plus sujets à la septième plaie d’Egypte, aussi lamentable au XXe siècle que du temps des Pharaons.


ANTOINE DE SAPORTA.