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de personnes, dont les unes surveillent les dynamos, qu’actionne dans les sous-sols la force expédiée de Saint-Denis, tandis que d’autres s’occupent de la scène ou sont chargés des projections du cintre.

Dix-huit hommes, sitôt la fin de l’acte, se précipitent sur leurs « portans « respectifs, les décrochent des châssis et vont les garer à la face ou au lointain ; d’où ils les rapporteront, sitôt la besogne des machinistes terminée, pour les fixer à de nouveaux décors. Ces portans, au nombre de 60, sont branchés sur des fils qui aboutissent, ainsi que le lustre et la rampe d’avant-scène, les 27 herses qui éclairent les plafonds et les « traînées » qui se dissimulent à terre, — 4 000 lampes en tout ou 64 000 bougies, — à un local contigu au trou du souffleur.

Là se trouvent, devant trois tableaux, blanc,, rouge et bleu, dont chacun commande isolément sa couleur dans tous les appareils ; trois électriciens attentifs au programme qu’ils doivent remplir. Nous sommes au tableau du jardin de Marguerite, dans Faust, et son ordonnance lumineuse, dépliée sur un pupitre, est ainsi détaillée : « Au lever du rideau, rampe blanche un tiers feu ; lustre à 100 volts ; herses n° 1, 2 et 3 plein feu bleu, les autres en demi-section ; portans : le deux tiers feu, le 1 demi-feu, le 2 bas-feu coupé, le 3 demi-feu blanc. 1re réplique : à l’entrée de Marguerite, monter la rampe de 20 volts ; 2e réplique : au mot « Rien, » dit par Méphistophélès, projection rouge sur lui, nuit à la rampe ; 3e réplique : au forte de l’orchestre, jour à la rampe d’un seul coup ; 4e réplique : au mot « Si le ciel avec un sourire, » commencer la nuit généralement et très lentement pour arriver au bas-feu sur le mot « Voici la nuit ; » 5e réplique : lorsque le clair de l’une apparaît, par la projection des cintres, mettre la rampe en bleu. »

Tel est le type d’un acte moyennement chargé d’ « effets ; » il en est de beaucoup plus compliqués. Leur réglage préliminaire, et le simple éclairage normal d’une pièce nouvelle, exigent de longues heures d’études : dans la salle illuminée et vide, face à la scène où le décor fraîchement peint est planté, s’assoient aux fauteuils d’orchestre le directeur, l’auteur, le peintre-décorateur, le chef électricien, le chef machiniste, le régisseur général. Chacun émet son avis : « Il faudrait donner plus d’épaisseur à ces galeries. Éclairez donc les portans jardin au bleu. (Le résultat étant mauvais, on les essaye au rouge.) Il y a trop de