Page:Revue des Deux Mondes - 1901 - tome 3.djvu/906

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on passe par le trou du pot un fil de zinc portant une petite plaque du même métal avec un numéro : les deux bouts de fil sont enroulés à l’intérieur du pot, celui-ci rempli de terre. Chaque enfant remet deux centimes par plante, il l’achète ainsi de ses propres deniers, et elle lui devient plus précieuse. En novembre, l’inspection a lieu, et, la première fois, la société distribuait cent six bons, donnant droit chacun à une petite plante à la saison prochaine : les lauréats reçoivent un diplôme spécial, deux pots de fleurs. Pour stimuler leur zèle, on organise pendant les fêtes communales une petite exposition où sont réunies les plantes cultivées par les enfans, par les ouvriers ; puis, chaque année, c’est une fête des fleurs, au théâtre de la ville, avec morceaux de musique, tombola déplantes, de fleurs, conférence et projections lumineuses de paysages. Les enfans, d’ailleurs, aiment les fleurs, comme ils aiment les papillons. Lebrun-Pindare n’a-t-il pas dit :


Le papillon, chose frivole,
Près de la fleur coquette est assez bien placé :
Le papillon est une fleur qui vole,
La fleur un papillon fixé ?


A l’Exposition universelle d’horticulture de Dresde en 1896, une grande serre était entièrement occupée par les plantes que cultivent les enfans de la ville ; à Berlin, s’est constituée la société pour l’avancement de la culture des fleurs au moyen des écoles communales. Les sociétés horticoles de Louvain, Liège, Anvers instituent des concours floraux ouvriers : notre société régionale d’horticulture du Nord de la France à Lille les imite, offre aux ouvriers des boutures enracinées, avec des instructions très simples et clairement rédigées. D’autres idées sont dans l’air, et méritent qu’on les mette en pratique : la création de musées horticoles, l’introduction des fleurs dans les asiles de vieillards, les hôpitaux et les orphelinats.

Cette passion de la botanique en pays flamand date de loin, et nous en découvrons maint témoignage dans les miniatures de manuscrits, les tableaux des anciens peintres, les archives communales ; nombre d’administrations municipales firent graver des fleurs, des épis, des arbres, des navets, sur les sceaux officiels. Et l’on sait qu’au XVIIIe siècle, le prince de Ligne, qui eut le génie de la grâce, écrivit deux ouvrages sur les jardins : dans