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vinaigre de toilette. L’usage des parfums correspond à l’augmentation du bien-être, de l’aisance et de la propreté.

On peut définir la parfumerie : l’art de préparer tous les produits odoriférans, d’une couleur agréable, qui doivent satisfaire l’hygiène et la coquetterie. Deux classes de produits, deux catégories d’industriels : les matières premières comprenant les essences, les infusions de fleurs dans des corps d’origine animale, végétale ou minérale, les eaux distillées, etc. Ces matières, tirées des trois règnes de la nature, servent à la fabrication des produits composés ou conditionnés : extraits d’odeurs, eaux de toilette, savons, pommades et huiles parfumées, dentifrices, poudres parfumées, sachets, pâtes molles ou dures odoriférantes, crèmes, émulsions, fards, teintures, etc. Une seule plante peut fournir plusieurs principes odorans : les petits fruits et les feuilles de l’oranger donnent l’essence de petit-grain, les fleurs le néroli, et l’écorce des fruits le portugal. L’odeur des plantes est chose variable ; certaines plantes n’embaument que la nuit, d’autres ont besoin de la lumière pour répandre leur senteur ; le cacalia septentrionalis cesse d’embaumer si seulement l’ombre de la main s’interpose ; le cereus grandiflorus laisse échapper des bouffées parfumées de demi-heure en demi-heure, Henri Heine n’a donc ni tort ni raison de prétendre que les parfums sont les sentimens des fleurs ; et « de même que les émotions du cœur humain sont plus profondes dans la nuit, quand il se croit seul et sans témoins, les fleurs semblent aussi, avec la raison de la pudeur, attendre le voile de l’obscurité pour s’abandonner toutes à leurs sentimens odoriférans, et les exhaler dans l’espace. » Certains parfums ont de rares propriétés antiseptiques : ainsi l’essence de cannelle de Ceylan dont la puissance antiseptique est comparable à celle du sublimé à l’égard du bacille de la fièvre typhoïde.

Il faut bien se garder de confondre l’odeur des plantes avec leurs émanations : en effet les fleurs, tant qu’elles ne sont pas flétries, respirent, et, comme l’homme, exhalent un gaz dangereux, l’acide carbonique : telle est parfois leur activité vitale qu’on ne peut séjourner sans danger dans une chambre où se trouvent des bouquets.

D’après Pline, les parfums prirent naissance en Orient, dans cette terre d’élection qui porte la cannelle, le bois de santal, le camphre, la muscade, l’arbre à encens. Aux dieux seuls, aux cérémonies